フランスから見た日本:フランス語で日本関連ニュースを紹介

2007年11月3日土曜日

La France s'offre une ambassade à Tokyo sans débourser un euro

La France s'offre une ambassade à Tokyo sans débourser un euro
LE MONDE | 31.10.07 | 14h03 • Mis à jour le 31.10.07 | 14h03

Grâce à la législation japonaise sur les baux de longue durée, la France va s'offrir une nouvelle ambassade à Tokyo, sans aliéner son patrimoine ni débourser un euro, mais, au contraire, en encaisser. Le contrat signé, lundi 29 octobre, à l'ambassade de France, avec un consortium privé franco-japonais prévoit que l'Etat français cède une partie de son terrain à un opérateur qui y construira un immeuble de rapport, dont il ne pourra disposer que pendant cinquante ans. Au terme de cette période, la France en redeviendra propriétaire.

L'ambassade de France à Tokyo occupe un magnifique terrain boisé de 25 hectares ayant appartenu à la famille des shogun Tokugawa dans le quartier huppé de Minami-Azabu. Il a été acheté par la France en 1972.

En échange d'une partie de ce terrain, l'opérateur reconstruit la chancellerie, afin de regrouper en un même lieu tous les services de l'ambassade. Il réaménage la résidence et prend en charge le coût d'entretien du bâtiment pendant quinze ans. Le substantiel "reliquat" de la cession temporaire du terrain servira au réaménagement d'immeubles français au Japon. Le reste reviendra au ministère des affaires étrangères et sera destiné à financer d'autres opérations immobilières à l'étranger.

OPÉRATIONNELLE EN 2009
Le coût total de l'opération s'élève à 25 milliards de yens. Mais le montant du "bénéfice" qu'en retire l'Etat français n'a pas été révélé. La nouvelle ambassade sera opérationnelle en 2009. Un an après la célébration du 150e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

Le consortium, qui a remporté l'appel d'offres au cours duquel avaient été présentés quatre projets, est constitué de Mitsui and Co, Nomura Real Estate Development, Takenaka Corporation et Aéroport de Paris Ingénierie. L'Italie et le Canada ont déjà réalisé des opérations analogues. Mais, dans le cas français, il s'agit du premier contrat de partenariat public-privé conclu à l'étranger.

Depuis 1991, la loi japonaise sur les baux de longue durée est plus favorable aux propriétaires qu'aux locataires. Les premiers peuvent céder leur terrain pour une durée de cinquante ans ou plus et le récupérer dans son intégralité à l'échéance du contrat.

"A la même enseigne que le sanctuaire d'Isé (lié à la famille impériale), reconstruit à l'identique tous les vingt ans, nous pourrons éventuellement recommencer l'opération dans cinquante ans", a plaisanté l'ambassadeur de France, Gildas Le Lidec, lors de la signature du contrat.

Philippe Pons (Tokyo, correspondant)
Article paru dans l'édition du 01.11.07.

 

2007年10月2日火曜日

Japon : le dispositif d'alerte précoce des séismes étendu aux particuliers

Japon : le dispositif d'alerte précoce des séismes étendu aux particuliers
LEMONDE.FR avec AFP | 01.10.07 | 12h42 • Mis à jour le 01.10.07 | 13h47


Reuters/KYODO
Le trafic des trains suspendu à la gare de Kanazawa, lors du très violent séisme qui a fait un mort et plus de 160 blessés, le 25 mars 2007, au Japon.


Le système d'alertes précoces des séismes de l'Agence météorologique du Japon, jusque-là réservé aux institutions, aux centrales nucléaires et aux compagnies de chemin de fer, a été étendu aux particuliers, lundi 1er octobre.

Pour ce faire, l'Agence a déployé un réseau de capteurs qui détectent les premières ondes inoffensives (appelées "P"), se propageant deux fois plus vite – quelques dizaines de secondes – que les destructrices ondes "S", ce qui permet de sonner l'alerte juste avant le séisme. Même si ce laps de temps est très limité, il pourrait permettre de réduire fortement les dommages matériels et le nombre de victimes, jusqu'à 90 %, selon Kimiro Meguro, spécialiste des dispositifs de secours urbains à l'université de Tokyo, si les gens disposaient de dix secondes pour se préparer.

20 % DES SECOUSSES LES PLUS VIOLENTES AU JAPON

Ces alertes précoces seront diffusées par deux canaux. Pour les secousses majeures, le grand public pourra être informé par les médias en temps réel (télévision, radio) afin de ne pas tout le temps effrayer la population dans un pays où les petits tremblements de terre sont très fréquents.

Pour le deuxième cas, plus fréquent, les particuliers japonais pourront être prévenus grâce à un boîtier récepteur spécial fourni par un prestataire de services, qui exploite les données brutes délivrées par l'Agence météorologique. L'alerte peut ainsi retentir dans chaque domicile, grâce à des services spécifiques associés à des appareils proposés par les fabricants d'électronique, les sociétés de sécurité, les gérants d'immeubles et autres prestataires. Des terminaux de réception des messages, hertziens ou à relier à Internet ou à la prise de TV par câble, vont aussi progressivement arriver sur le marché.

Le Japon subit chaque année environ 20 % des secousses telluriques les plus violentes recensées dans le monde.

 

2007年9月28日金曜日

Les défis de Yasuo Fukuda, nouveau premier ministre japonais

Les défis de Yasuo Fukuda, nouveau premier ministre japonais
LE MONDE | 26.09.07 | 16h14 • Mis à jour le 26.09.07 | 16h14
TOKYO CORRESPONDANT

Elu premier ministre du Japon à une large majorité par la Chambre basse, Yasuo Fukuda a formé, mardi 25 septembre, un cabinet dont il ne cache pas qu'il est "dos au mur". "A la moindre erreur, nous risquons de perdre le pouvoir", a-t-il reconnu au cours de sa première conférence de presse. La phase critique de la crise ouverte par la brusque démission, le 12 septembre, de son prédécesseur, Shinzo Abe, se referme. Mais le climat est loin d'être apaisé et un affrontement est attendu au Parlement. La Chambre basse est dominée par le Parti libéral démocrate (PLD), tandis que le Parti démocrate du Japon (PDJ, opposition) contrôle désormais la Chambre haute.


Sur la défensive, avec une opposition revigorée par sa victoire aux élections sénatoriales de juillet, contraint à plus ou moins brève échéance de provoquer des élections générales anticipées pour asseoir sa légitimité, le nouveau premier ministre a cherché à resserrer les rangs de son parti. Il a maintenu à leur poste la plupart des ministres du cabinet sortant, et nommé comme secrétaire du gouvernement et porte-parole, Nobutaka Machimura, chef du plus puissant clan du PLD, qui devient ainsi le numéro deux de l'exécutif.

Parmi les grands ministères, seules les affaires étrangères et la défense changent de titulaire : le premier revenant à Masahiko Komura, détenteur du portefeuille de la défense dans le précédent cabinet ; et le second à Shigeru Ishiba, qui avait déjà occupé ces fonctions en 2002-2003. Le quotidien Asahi (centre gauche) compare ce cabinet à une "photographie aux couleurs sépia". En dépit de cette absence de renouveau, l'arrivée au pouvoir de Yasuo Fukuda, conservateur modéré, ouvre la voie à une salutaire mutation dans l'exercice du pouvoir et à un recentrage des priorités politiques.

Le principal adversaire de M. Fukuda est un autre vétéran de la politique, le pugnace Ichiro Ozawa, chef du PDJ. Leur affrontement, bien qu'il "manque de clinquant", permettra de revenir aux problèmes de fond, poursuit Asahi. Cette crise pourrait, en cela, avoir eu un effet bénéfique en relançant le débat démocratique étouffé par les formules chocs des années Koizumi (2001-2006), le fringant premier ministre qui avait promis de transformer le Japon.

Dans le quotidien des milieux d'affaires Nihon Keizai, le politologue Takashi Mikuriya voit dans la déconfiture du gouvernement Abe le résultat de la crise structurelle ouverte par la pratique de pouvoir de Junichiro Koizumi. Fort de sa popularité, ce dernier clouait au pilori ses opposants et étouffait les opinions divergentes au sein de la majorité pour trancher sans consulter. Le télégénique Shinzo Abe (surnommé "Poster Boy"), moins doué pour le marketing politique que son prédécesseur mais incarnant une nouvelle génération, fut l'avatar malheureux de cette politique fondée sur les sondages.

M. Fukuda n'est pas une "bête de scène" et sa désignation par les "caciques" du PLD peut paraître une régression. Mais conscients qu'en dépit de l'alliance avec le parti centriste Nouveau Komei, ils ne peuvent plus passer en force avec un Sénat passé à l'opposition, les libéraux démocrates sont contraints à une forme de cohabitation qui suppose la concertation.

Le premier bras de fer entre Yasuo Fukuda et Ichiro Ozawa doit porter sur le renouvellement du mandat (qui expire le 1er novembre) de la marine nippone chargée de ravitailler dans l'Océan indien les troupes alliées engagées en Afghanistan. Le PDJ y est opposé. Mais les plus graves problèmes sont d'ordre économique et social.

M. Fukuda prend les rênes d'un pays fragilisé. L'économie est repartie à un rythme modéré (2 %), mais l'Etat n'est plus en mesure de financer une politique volontariste en raison de l'énorme déficit public (170 % du PIB). Les inégalités s'accroissent et la société, vieillissante, s'inquiète de l'avenir des systèmes de pension.

Sous la houlette de M. Koizumi, le Japon est passé à un conservatisme de type néolibéral, privilégiant les mécanismes de marché et donnant la priorité aux intérêts financiers, rompant le contrat social des années 1960-1980 fondé sur un équilibre entre expansion et politiques de redistribution (non exemptes d'abus clientélistes). Le capitalisme nippon est devenu plus réactif au prix de la cohésion de la société.

M. Fukuda s'est engagé à poursuivre les réformes mais il doit aussi rassurer une opinion inquiète tout en remédiant au déficit des finances publiques, - qui suppose un impopulaire relèvement de la TVA.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 27.09.07.

 

2007年9月25日火曜日

La droite japonaise choisit l'austère Yasuo Fukuda pour diriger le gouvernement

La droite japonaise choisit l'austère Yasuo Fukuda pour diriger le gouvernement
LE MONDE | 24.09.07 | 14h09 • Mis à jour le 24.09.07 | 14h09
TOKYO CORRESPONDANT

On ne pouvait trouver personnalités plus dissemblables que Taro Aso et Yasuo Fukuda, les deux prétendants à la succession du premier ministre sortant, Shinzo Abe. Au gouailleur Aso, ancien ministre des affaires étrangères, volontiers provocateur, M. Fukuda oppose la pondération et la suavité. C'est cet homme austère, issu de la droite modérée que le collège électoral du Parti libéral-démocrate (PLD), réunissant 384 parlementaires et 529 représentants locaux, a porté, dimanche 23 septembre à la présidence d'une formation qui domine la vie politique depuis plus d'un demi-siècle. M. Fukuda deviendra premier ministre après un vote à la Diète, mardi, dont l'issue ne fait guère de doute étant donné la majorité qu'y détient le PLD.

Homme du sérail, fils de l'ancien premier ministre Takeo Fukuda (1976-1978), il n'est pas un dirigeant médiatique : "Je ne pense pas que j'exercerai le pouvoir avec le même genre d'autorité", a-t-il répondu à une question sur son flamboyant prédécesseur, Junichiro Koizumi (2001-2006). Pour avoir été quatre ans secrétaire du cabinet et porte-parole dans l'éphémère cabinet Mori (2000) puis dans les premiers gouvernements Koizumi, M. Fukuda connaît les limites de l'exercice. La déconfiture, aux élections sénatoriales de juillet, et la piètre sortie du "Poster boy" Abe n'incitent guère les libéraux-démocrates à rejouer la carte du leader charismatique.

En dépit de trente ans de carrière politique, M. Fukuda n'a jamais détenu de portefeuille important. Mais, "homme de l'ombre" tirant les ficelles au secrétariat du gouvernement - et de fait son numéro deux -, il a étendu son influence au-delà de ses fonctions, démontrant son habileté à désamorcer les crises.

QUALITÉS PRÉCIEUSES

Complet sombre et lunettes rectangulaires, austère - "ringard", selon son rival Taro Aso -, M. Fukuda ne fait pas rêver, et ne cherche pas à jouer les chefs supposés tenir toutes les manettes. Mais cet homme de la "vieille école" a deux qualités précieuses dans la crise de confiance actuelle : son habileté à négocier et sa capacité à rassurer. Le futur premier ministre devra notamment faire preuve de son sens de la concertation avec une opposition désormais majoritaire au Sénat, où sa principale formation, le Parti démocrate du Japon (PDJ), est devenue le premier parti. Il aura pour adversaire un homme de sa génération, le pugnace Ichiro Ozawa, un ancien du PLD et qui fut l'étoile montante du camp de Kakuei Tanaka, adversaire de son père dans la course à l'investiture pour le poste de premier ministre au début des années 1970. Première manche de ce combat : la prolongation du mandat de la marine nippone dans l'océan Indien - où elle ravitaille les forces alliées engagées en Afghanistan -, à laquelle s'oppose le PDJ.

M. Fukuda apparaît rassurant à une opinion inquiète d'inégalités sociales croissantes. "Il est erroné de penser que tout va bien si on confie le pouvoir aux économistes", a-t-il déclaré, mettant en garde contre une "forme excessive de rationalisme économique" qui, pour nombre de commentateurs, est à l'origine des maux actuels.

En tant que secrétaire du cabinet, il a enfin acquis une expérience dans son domaine de prédilection : la diplomatie. "Colombe", il est partisan de relations apaisées avec la Chine et la Corée. Les visites intempestives de M. Koizumi au sanctuaire Yasukuni - où sont honorés, parmi les morts pour la patrie, des criminels de guerre -, qui ont envenimé les relations avec Pékin, ont été l'une des raisons pour lesquelles il a quitté le gouvernement en 2004. Il a déjà annoncé qu'il ne se rendrait pas au sanctuaire.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 25.09.07.

 

2007年9月20日木曜日

Le parti majoritaire japonais rappelle la vieille garde pour restaurer son image

Le parti majoritaire japonais rappelle la vieille garde pour restaurer son image
LE MONDE | 17.09.07 | 15h29 • Mis à jour le 17.09.07 | 15h29
TOKYO CORRESPONDANT


REUTERS/ISSEI KATO
Présenté comme un modéré, Yasuo Fukuda annonce officiellement sa candidature, lors d'une conférence de presse à Tokyo, le 14 septembre.


Après avoir privilégié l'image médiatique dans le choix de ses deux derniers premiers ministres, le Japon est en train de revenir aux pratiques de la "vieille école", fondées sur la modération et les équilibres au sein du parti gouvernemental, pour désigner l'homme qui prendra la tête du prochain cabinet. Des deux candidats en lice pour l'élection, dimanche 23 septembre, du président du Parti libéral-démocrate (PLD) qui, en raison de la majorité de celui-ci à la Chambre basse, devient ipso facto premier ministre, Yasuo Fukuda est donné gagnant.

Issu de la droite modérée, suave et posé, M. Fukuda (71 ans) a réussi, quelques jours après la brusque démission, le 12 septembre, du premier ministre Shinzo Abe, à rallier derrière lui les principaux clans du parti gouvernemental et à s'imposer comme favori face à l'ancien ministre des affaires étrangères, Taro Aso (61 ans). Les deux concurrents ont déposé leur candidature le 15 septembre.

Outre les erreurs tactiques commises par M. Aso, secrétaire général du PLD - "marchepied" à la présidence du parti -, qui est parti un peu vite, s'aliénant une partie de son camp, la figure pondérée de M. Fukuda, "colombe" en politique étrangère, est apparue à la direction du PLD comme une meilleure carte pour renouer avec un électorat déçu par l'apparente indifférence du premier ministre sortant aux problèmes sociaux du pays.

Un mécontentement qui s'est traduit par la cuisante défaite du PLD aux sénatoriales de juillet. Cet homme du sérail (fils de l'ancien premier ministre Takeo Fukuda, 1976-1978) a semblé préférable aux caciques du PLD, inquiets des sorties néonationalistes de M. Aso, de plus trop marqué dans l'administration sortante.

Pour le PLD, meurtri par sa défaite électorale, l'heure n'est plus aux dirigeants flamboyants à la Junichiro Koizumi (2001-2006) ou, dans une certaine mesure, à la Abe, plus terne mais supposé incarner une nouvelle génération de politiciens. Il faut revenir aux hommes expérimentés et rompus aux rouages du pouvoir. Une option partagée par la majorité de l'opinion, indiquent les sondages.

Sollicité de revenir au pouvoir, M. Koizumi n'a pas voulu prendre le risque de jouer les hommes providentiels et d'entamer son aura en se confrontant à une situation qui exige des remèdes autres que des formules à l'emporte-pièce.

Certes partisan des réformes structurelles, M. Fukuda, qui fut le bras droit de M. Koizumi de 2001 à 2004 au poste de porte-parole du gouvernement, a aussi été formé à la "vieille école" du PLD : il sait que ce parti a pu se maintenir au pouvoir pendant plus d'un demi-siècle grâce à son habileté à mener à temps des politiques de compensation sociale palliant les excès de l'expansion. La montée des disparités sociales (entre villes et campagnes, gagnants et perdants de la reprise) est une des préoccupations majeures des Japonais. Et dans un tel climat, on craint, dans les milieux économiques, que les réformes marquent le pas.

Plus que leur programme, c'est la manière d'exercer le pouvoir qui différencie les deux candidats. Selon Taro Aso, "le Japon n'a pas besoin d'un dirigeant modéré mais d'un homme fort". Yasuo Fukuda est partisan de l'ouverture d'un "dialogue" avec le pays et promet de remédier aux déséquilibres entre régions et aux difficultés des laissés-pour-compte.

On retrouve une différence d'approche similaire en matière diplomatique. Favorables à l'alliance avec les Etats-Unis, les deux candidats plaident pour la poursuite de la mission de soutien dans l'océan Indien de la marine nippone aux forces de la coalition internationale en Afghanistan, à laquelle l'opposition de centre-gauche est hostile. Majoritaire au Sénat, elle entend y bloquer la loi prolongeant le mandat des forces japonaises qui expire le 1er novembre.

En revanche, M. Fukuda est plus soucieux que le "faucon" Aso des relations avec ses voisins chinois et coréen. Il n'a jamais été favorable aux visites répétées de M. Koizumi au sanctuaire Yasukuni - où sont honorés, parmi les morts pour la patrie, des criminels de guerre -, qui ont envenimé les relations avec la Chine. Sur la question nord-coréenne, il est partisan d'une approche plus conciliante dans l'affaire des Japonais enlevés par des agents de Pyongyang dans les années 1970-1980. L'intransigeance de MM. Abe et Aso vis-à-vis de Pyongyang a isolé Tokyo dans les négociations sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 18.09.07.

 

2007年9月15日土曜日

Au Japon, les candidats à la succession de M. Abe se déclarent

Au Japon, les candidats à la succession de M. Abe se déclarent
LEMONDE.FR avec AFP | 14.09.07 | 09h13

La bataille pour désigner le prochain premier ministre japonais s'intensifie. Vendredi 14 septembre, un vétéran de la scène politique, le modéré Yasuo Fukuda, a officiellement annoncé sa candidature. Agé de 71 ans, il a été le porte-parole du gouvernement de 2000 à 2004. "J'ai reçu de nombreuses sollicitations et j'ai décidé d'être candidat. Aujourd'hui, le temps est vraiment à l'urgence", explique-t-il. Fils de l'ancien premier ministre Takeo Fukuda, il est considéré comme très influent au sein du Parti libéral-démocrate au pouvoir.

L'ancien ministre des affaires étrangères Taro Aso, 66 ans, s'est également déclaré. Considéré comme un "faucon", il a été nommé fin août secrétaire général du Parti libéral-démocrate (PLD), ce qui fait de lui le candidat naturel pour prendre la suite de M. Abe. Toutefois, M. Aso compte de nombreux détracteurs, même au sein de son parti, soulignant que ses convictions nationalistes ne le différencient guère du premier ministre partant.

L'actuel ministre des finances, Fukushiro Nukaga, 63 ans, qui était également candidat, s'est retiré de la course vendredi et a apporté son soutien à M. Fukuda. Le prédécesseur de M. Abe, Junichiro Koizumi, qui était parvenu à ressusciter une droite affaiblie en 2001 et que beaucoup aimerait voir revenir au pouvoir, s'est pour sa part refusé à retrouver son précédent poste.

Le PLD élira le 23 septembre son prochain président qui deviendra automatiquement le premier ministre du Japon à la place de M. Abe, hospitalisé jeudi dans un état de stress et d'épuisement extrêmes.

 

2007年9月14日金曜日

Le premier ministre japonais démissionnaire Shinzo Abe hospitalisé

Le premier ministre japonais démissionnaire Shinzo Abe hospitalisé
LEMONDE.FR avec AFP | 13.09.07 | 11h41


REUTERS/Satoru Ishii
Le premier ministre démissionnaire japonais Shinzo Abe a été hospitalisé jeudi en raison de problèmes gastriques liés au stress.


Le premier ministre démissionnaire japonais Shinzo Abe a été hospitalisé, jeudi 13 septembre, en raison de problèmes gastriques liés à "une fatigue physique et un stress mental", a déclaré son médecin lors d'une conférence de presse. M. Abe souffre "d'un désordre gastro-intestinal fonctionnel" et sera "hospitalisé pour trois ou quatre jours", a-t-il indiqué. Il a également précisé qu'ayant perdu environ 5 kilos en quelques mois, le premier ministre se trouve très fortement affaibli.


DES "PROBLÈMES DE SANTÉ" INVOQUÉS POUR EXPLIQUER SA DÉMISSION

Mercredi, le porte-parole du gouvernement, Kaoru Yosano, avait invoqué des "problèmes de santé" pour expliquer la brusque démission de M. Abe. "Nous étions inquiets. Le premier ministre se demandait tout le temps si son état de santé était compatible avec un emploi du temps surchargé et la pression pesant sur les épaules d'un premier ministre", avait affirmé M. Yosano. Jeudi, il a indiqué "qu'un docteur [qui avait examiné M. Abe] a diagnostiqué un état d'épuisement extrême et a recommandé des examens complémentaires".

Selon les médias, l'état de santé de M. Abe s'était dégradé ces dernières semaines, depuis la défaite du Parti libéral-démocrate (PLD) aux élections sénatoriales de la fin juillet, et le premier ministre suivait un traitement spécifique depuis.

Très fragilisé par des scandales à répétition, le plus jeune premier ministre de l'après-guerre au Japon a décidé mercredi de quitter son poste moins d'un an après son arrivée au pouvoir.

 

2007年9月13日木曜日

Au Japon, Shinzo Abe démissionne du poste de premier ministre

Au Japon, Shinzo Abe démissionne du poste de premier ministre
LE MONDE | 12.09.07 | 10h50 • Mis à jour le 12.09.07 | 10h50

Shinzo Abe aura à peine duré un an à la tête du Japon. Le plus jeune chef de gouvernement (52 ans) de l'après-guerre, servi par une allure de play-boy qui lui avait valu une exposition flatteuse dans les médias avant son accession au pouvoir, a présenté sa démission, mercredi 12 septembre à Tokyo, lors d'une conférence de presse.

La pression sur son cabinet, miné par une série de scandales et cruellement déconsidéré dans les sondages, était devenue insoutenable. M. Abe a annoncé simultanément son départ de la direction du Parti libéral-démocrate (PLD), le grand parti conservateur japonais dont il avait pris la tête en septembre 2006.

Soucieux de hâter la transition, il a indiqué avoir demandé au PLD de "sélectionner un nouveau président le plus vite possible". L'actuel numéro deux du PLD et ex-ministre des affaires étrangères, Taro Aso, issu de l'aile droite du parti comme M. Abe, est favori pour le remplacer.

L'annonce du départ de M. Abe vient sanctionner une série de déconvenues qui avait pris ces dernières semaines l'allure de débâcle. Le point de non-retour avait été franchi avec la démission pour malversation financière, le 3 septembre, du ministre de l'agriculture Takehido Endo, la cinquième d'un membre de son cabinet en un an.

Ce nouveau départ avait d'autant plus marqué les esprits que M. Endo avait succédé à deux autres ministres démissionnaires – mis en cause eux aussi pour corruption – dont l'un s'était suicidé. Ces défections en chaîne avaient ajouté à l'érosion d'une popularité déjà gravement entachée par l'éclatement de scandales, dont le plus retentissant avait été le fiasco de la gestion des retraites.

COLMATAGE

Illustration du désenchantement ambiant, le PLD avait perdu, fin juillet, la majorité à la Chambre haute (Sénat) au profit du Parti démocrate du Japon (PDJ), l'opposition de centre-gauche. M. Abe avait bien tenté de restaurer son crédit en procédant, le 27 août, à un remaniement de son cabinet, prenant alors le parti de s'adosser davantage aux chefs de clan du PLD. Mais l'opération de colmatage a échoué. Selon une enquête réalisée le week-end dernier par le quotidien Yomiuri, moins de 30 % des Japonais approuvaient son action.

M. Abe avait succédé le 26 septembre 2006 au flamboyant Junichiro Koizumi, artisan d'une plus grande affirmation du Japon sur la scène internationale mais dont les réformes économiques avaient aggravé la fracture sociale. Proche de Koizumi, M. Abe était issu d'une dynastie familiale qui l'avait affilié au courant le plus droitier du PLD.

Il ne faisait pas mystère de sa volonté de réformer la Constitution pacifiste de 1947. Dans le sillage de M. Koizumi, il était résolu à imposer le Japon comme une puissance décomplexée, une ligne idéologique qui l'avait conduit à créer le ministère de la défense (jusque-là appelé Agence de défense) et à faire des offres de service à l'OTAN. Son objectif était de "faire valoir les opinions du Japon dans l'élaboration des règles qui régissent le monde".

Simultanément, il avait tenté de réchauffer les relations avec ses voisins asiatiques – notamment la Chine et la Corée du sud – ulcérées par les visites de son prédécesseur au temple Yasukuni où, parmi les âmes des morts pour la patrie, sont honorés des criminels de guerre. Soucieux de désamorcer les passions sur le sujet, M. Abe s'était toujours refusé de préciser s'il rendrait visite un jour au temple.


Frédéric Bobin (avec AFP)

 

2007年9月12日水曜日

Le premier ministre japonais démissionne

Le premier ministre japonais démissionne
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 12.09.07 | 07h51 • Mis à jour le 12.09.07 | 07h51

Shinzo Abe a annoncé, mercredi 12 septembre, qu'il quittait ses fonctions, moins d'un an après son arrivée au pouvoir."J'ai décidé de démissionner de mes fonctions de premier ministre", a déclaré M. Abe, lors d'une conférence de presse.

La démission du plus jeune chef de gouvernement de l'après-guerre, âgé de 52 ans, survient alors que sa cote de popularité est au plus bas, rendant sa position de plus en plus intenable. Selon une enquête réalisée le week-end dernier par le quotidien Yomiuri, moins de 30 % des Japonais approuvaient l'action du premier ministre.


SCANDALES ET MISSION EN AFGHANISTAN

Dimanche, le premier ministre avait prévenu qu'il quitterait ses fonctions s'il n'était pas en mesure d'obtenir la prolongation du mandat de la mission navale de son pays, chargée de soutenir les opérations en Afghanistan de la coalition dominée par les Etats-Unis. "Je n'ai pas l'intention de m'accrocher à ma fonction", avait-il lancé la semaine dernière à Sydney, où il prenait part au Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC).

En un an d'existence, le gouvernement Abe a vu sa stabilité entamée par plusieurs scandales, et le projet de loi sur la mission en Afghanistan est devenu l'enjeu numéro un de la session parlementaire qui s'est ouverte lundi 10 septembre. L'important remaniement ministériel, effectué le 27 août par M. Abe, n'aura donc pas suffi. Shinzo Abe n'a pas indiqué la date de son départ.

 

2007年9月11日火曜日

Panne de croissance au Japon au deuxième trimestre

Panne de croissance au Japon au deuxième trimestre
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 10.09.07 | 09h34

REUTERS/YURIKO NAKAO
La Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 2,22% lundi 10 septembre.


L'économie japonaise s'est contractée pour la première fois depuis trois trimestres entre avril et juin, a annoncé la ministère de l'Economie lundi 10 septembre. Le produit intérieur brut nippon a reculé de 0,3% par rapport au trimestre précédent, soit une baisse de 1,2% en rythme annuel. Les chiffres dévoilés sont en decà des prévisions des économistes qui tablaient sur un recul de 0,2%. Ces estimations avait déjà été revues à la baisse après l'annonce la semaine dernière d'une baisse de 4,9% en rythme annualisé des investissements des entreprises pour la première fois depuis plus de quatre ans.

Le gouvernement maintient toutefois son diagnostic sur la poursuite de la reprise économique. "Je pense que la tendance d'une reprise durable va continuer", a commenté le ministre des Finances, Fukushiro Nukaga, en se fondant sur une remontée progressive de la demande des ménages et une amélioration des bénéfices des entreprises.

Cette optimisme est tempéré par certains analystes. Selon un économiste de l'institut de recherche NLI, Taro Saito, le PIB devrait rebondir au troisième trimestre, mais à un rythme modéré, la croissance japonaise risquant de subir les effets d'un ralentissement de l'économie américaine. "Il semble difficile d'envisager un rebond tiré par les exportations au deuxième semestre", a-t-il expliqué.

CLIMAT DE CRISE POLITIQUE

L'annonce d'un recul du PIB au deuxième trimestre a amplifié les craintes des investisseurs, déjà déprimés par la crise des prêts hypothécaires et les mauvaises nouvelles sur le front de l'emploi aux Etats-Unis. La Bourse de Tokyo a réagi vivement et clôturé en baisse de 2,22% lundi.

D'autant plus que les mauvaises statistiques s'accumulent dans un climat de crise politique. Le Premier ministre conservateur Shinzo Abe, très affaibli par des scandales à répétition impliquant certains de ses ministres, a néanmoins de nouveau exclu de démissionner lundi, se disant déterminé à "poursuivre les réformes".

 

Japon : Shinzo Abe aborde la rentrée parlementaire sur la défensive

Japon : Shinzo Abe aborde la rentrée parlementaire sur la défensive
LE MONDE | 10.09.07 | 15h21 • Mis à jour le 10.09.07 | 15h21
TOKYO CORRESPONDANT

peine deux semaines après avoir formé un cabinet destiné à redresser son image, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, est de nouveau éclaboussé par des scandales dans lesquels sont impliqués des membres de son gouvernement. Alors que le remaniement du 27 août semblait lui avoir apporté un peu d'oxygène, il aborde la rentrée parlementaire, lundi 10 septembre, sur la défensive. Le Parti démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) qui dispose, depuis les élections du 29 juillet, de la majorité à la Chambre haute, demande sa démission et des élections législatives anticipées, arguant de son manque de jugement dans le choix de son entourage.


Quelques jours après la formation d'un cabinet de rassemblement dans lequel figurent plusieurs "poids lourds" du Parti libéral-démocrate (PLD), les démissions de membres du gouvernement, accusés d'irrégularités financières, se succèdent. Cela a été le cas, le 3 septembre, du ministre de l'agriculture, Takehiko Endo.

Ce portefeuille, il est vrai, ne porte guère chance à ses détenteurs : son titulaire dans le premier cabinet Abe s'était suicidé et son remplaçant, empêtré dans des affaires peu claires, avait quelque peu terni l'image du gouvernement à la veille des élections sénatoriales. A peine nommé, le successeur de M. Endo, Masatoshi Wakabayashi, a été accusé d'avoir reçu des fonds politiques d'une association de pêcheurs subventionnée... par le ministère de l'agriculture.

Entre-temps, deux vice-ministres et un sénateur libéral-démocrate ont démissionné pour indélicatesses. Un autre ministre, Ichiro Kamoshita (environnement) est aussi en difficulté. Et samedi, c'est le ministre de l'intérieur et des communications, Hiroya Masuda, qui a reconnu une erreur de comptabilité dans ses fonds politiques.

OPTION RISQUÉE

A cette polémique s'ajoute la bataille sur la question du renouvellement de la loi autorisant la marine nippone à ravitailler, dans l'océan Indien, les navires des forces alliées engagées en Afghanistan, qui expire le 1er novembre. Le PDJ s'y oppose. Le gouvernement devra vraisemblablement composer en proposant une nouvelle loi tenant compte de certaines exigences des démocrates.

Le PLD dispose d'une confortable majorité à la Chambre basse mais, fort de celle qu'il vient d'obtenir au Sénat, le PDJ peut faire traîner en longueur le processus législatif. Le premier ministre a peu de marges de manoeuvre. Dans le climat actuel, menacer de dissoudre la Chambre basse pour "reprendre la main" est une option risquée pour le PLD. Le PDJ, de son côté, ne semble pas y être vraiment préparé, craignant un retour de balancier vers le parti gouvernemental si le versatile électorat flottant, qui a sanctionné ce dernier en juillet, estime que l'opposition ne constitue pas encore une force d'alternance crédible.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 11.09.07.

 

2007年9月6日木曜日

Le Japon craint de voir la RPDC rayée de la liste des "Etats terroristes"

Le Japon craint de voir la RPDC rayée de la liste des "Etats terroristes"
LE MONDE | 05.09.07 | 15h25 • Mis à jour le 05.09.07 | 20h49
TOKYO CORRESPONDANT

La mise au point de Washington sur le caractère prématuré de l'annonce de Pyongyang sur la suppression de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de la liste des pays soutenant le terrorisme a été accueillie avec soulagement à Tokyo.

Cette annonce est en effet intervenue à la veille de l'ouverture, mercredi 5 septembre à Oulan-Bator (Mongolie) des premiers pourparlers depuis six mois entre Pyongyang et Tokyo. Et elle avait pour but d'affaiblir la position japonaise sur le dossier des Japonais enlevés dans les années 1970-1980 par des agents de Pyongyang, principale question à l'ordre du jour. Cette affaire a isolé le Japon dans les négociations multilatérales avec la RPDC. Elle a pris, dans l'Archipel, une telle dimension émotionnelle qu'il est très difficile à Tokyo de justifier auprès de l'opinion une attitude soudainement plus conciliante vis-à-vis de Pyongyang.


Le jour où Washington retirera la Corée du Nord de la liste des pays soutenant le terrorisme, la position de Tokyo vis-à-vis de Pyongyang sera très affaiblie. Et depuis que cette concession américaine est à l'ordre du jour - à la suite de l'accord du 13 février sur la dénucléarisation de la RPDC -, le gouvernement de Shinzo Abe exhorte l'administration Bush à ne pas céder sur ce point.

La RPDC a libéré cinq personnes enlevées et affirme que les huit autres sont mortes. Pour Pyongyang, l'affaire est close. Tokyo exige des preuves convaincantes de ces décès et des éclaircissements sur le sort d'autres disparus.

Pour l'instant, Washington ménage son allié japonais. "Les Etats-Unis nous ont fait savoir qu'ils n'amélioreraient pas leurs relations avec la RPDC au détriment de l'alliance nippo-américaine", a déclaré le ministre des affaires étrangères, Nobutaka Machimura. Il n'en reste pas moins que les dirigeants japonais sont conscients des avancées des pourparlers entre Américains et Nord-Coréens.

On pense à Tokyo que la décision politique de Washington de rayer la RPDC de la liste des pays terroristes (sur laquelle elle figure depuis 1988 à la suite de l'attentat, en 1987, contre un avion de Korean Air qui a fait 115 victimes) est d'ores et déjà prise. C'est en effet une des demandes pressantes - et à terme incontournable - de Pyongyang pour faire avancer les pourparlers sur le nucléaire.

Lors des entretiens, en avril, entre Shinzo Abe et George Bush, ce dernier a déclaré "ne pas oublier la question des kidnappés japonais". Mais la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, a aussi précisé que la résolution de cette affaire n'est pas une précondition pour rayer la RPDC de la liste des Etats soutenant le terrorisme. C'est bien pour le rappeler aux Japonais que Pyongyang a fait cette annonce.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 06.09.07.

 

Washington satisfait de sa négociation avec Pyongyang

Washington satisfait de sa négociation avec Pyongyang
LE MONDE | 05.09.07 | 15h25 • Mis à jour le 05.09.07 | 15h25
WASHINGTON CORRESPONDANTE

Si elle a été obligée de battre en retraite sur la démocratisation du Moyen-Orient, l'administration Bush estime être au moins sur la voie d'un succès diplomatique dans la gestion de la crise nord-coréenne. A part quelques esprits grincheux, comme John Bolton, l'ancien ambassadeur américain à l'ONU, qui ne décolère pas contre "l'indulgence" de l'administration Bush à l'égard de Pyongyang, la classe politique se félicite généralement de la volte-face qui a amené des officiels américains à rencontrer en tête-à-tête des représentants d'un pays qualifié jusqu'en 2003 d'"Etat voyou".

En négociant patiemment avec la Corée du Nord dans le cadre multilatéral des pourparlers à six (Chine, Japon, Etats-Unis, deux Corées, Russie), l'administration Bush montre qu'elle n'a pas mérité "sa caricature de clique néoconservatrice obsédée par les attaques préventives", résume Michael Mazarr, professeur à l'Ecole navale, dans la revue Foreign Affairs. La diplomatie coréenne de Washington doit beaucoup au négociateur Christopher Hill, l'un des lieutenants de Condoleezza Rice au secrétariat d'Etat. Pendant des mois, les télévisions l'ont montré à Pékin, où avaient lieu les entretiens, avec son anorak et sa mallette de voyageur de commerce. Il faisait deux fois par jour le résumé des discussions au point qu'il est désormais plus connu en Asie qu'aux Etats-Unis. Jamais on ne l'a entendu dénigrer Pyongyang, dont le leader Kim Jong-il avait été gratifié de son entier "mépris" par le président Bush.

Ancien collaborateur de Richard Holbrooke pendant la négociation des accords de Dayton sur la Bosnie, mais surtout ex-ambassadeur à Séoul, M. Hill a d'abord rencontré son homologue nord-coréen entre deux portes, à la faveur d'une rencontre "accidentelle" ménagée par les Chinois, puis de plus en plus ouvertement jusqu'à l'accord du 13 février sur la fermeture du réacteur à plutonium de Yongbyon. Avec le feu vert de Mme Rice, il s'est débrouillé pour contourner les "faucons" de l'administration et le tabou qu'ils avaient imposé sur les discussions directes. "La meilleure diplomatie commence à domicile", a-t-il expliqué au Washington Post.

Le week-end dernier, M. Hill a tenu une nouvelle rencontre bilatérale avec son homologue Kim Kye-gwan, à Genève. Les réunions précédentes avaient eu lieu à New York et à Berlin. "L'administration ne voulait pas de Genève, qui rappelle l'accord de 1994 (sur le nucléaire nord-coréen) conclu par (l'ancien président) Bill Clinton, explique un expert : mais c'était pratique. Les Nord-Coréens y ont une ambassade importante." Après deux jours de discussions, M. Hill a fait état d'un élargissement des négociations, Pyongyang ayant accepté de révéler l'ensemble de ses programmes nucléaires - donc d'aborder le mystère sur les équipements achetés au réseau du scientifique pakistanais Abdul Qadeer Khan - et de les démanteler avant la fin de l'année.

La partie américaine a-t-elle décidé en contrepartie de retirer la Corée du Nord de la liste des Etats qui soutiennent le terrorisme, comme l'a aussitôt affirmé un porte-parole du ministère des affaires étrangères à Pyongyang ? En partance pour Sydney où se tient le Forum de coopération Asie-Pacifique (APEC), M. Hill a démenti toute action immédiate. "Leur retrait de la liste dépendra de la poursuite de la dénucléarisation", a-t-il indiqué, sans autre précision. Le porte-parole adjoint du département d'Etat, Tom Casey, a laissé entendre que Washington travaillait à la mise en place du processus de retrait, qui nécessite de multiples étapes législatives au Congrès. Pour la Libye, il a fallu deux ans. Selon les analystes, l'administration va commencer à préparer la législation et "voir si les Coréens font ce qu'elle attend". Au bout du processus est prévue une réunion ministérielle à Pékin qui verrait le chef de la diplomatie nord-coréenne s'asseoir à la même table que son homologue américain. Ce qui ne serait pas sans rappeler le voyage de Madeleine Albright à Pyongyang, en 1994. "Après six ans, le processus est revenu à son point de départ", déplore le professeur Mazarr, avant d'ajouter : "La différence est que la Corée du Nord a apparemment triplé son arsenal nucléaire."

John Bolton est persuadé que Washington se fait berner et que Pyongyang reprendra son programme clandestin comme durant les années Clinton. George Perkovich, du Carnegie Endowment for International Peace, se félicite de ce que l'administration lutte contre l'escalade nord-coréenne à coup de "pots-de-vin", mais il remarque que personne n'a encore développé de "théorie convaincante" sur la raison pour laquelle Kim Jong-il accepterait de se débarrasser d'un arsenal consubstantiel à sa survie.

Corine Lesnes
Article paru dans l'édition du 06.09.07.

 

Pyongyang serait prêt à démanteler toutes ses installations nucléaires

Pyongyang serait prêt à démanteler toutes ses installations nucléaires
LE MONDE | 03.09.07 | 15h31 • Mis à jour le 03.09.07 | 15h31
TOKYO CORRESPONDANT

La Corée du Nord a accepté de révéler l'ensemble de ses programmes nucléaires et de les démanteler avant la fin de l'année, a annoncé, dimanche 2 septembre, Christopher Hill. Le négociateur américain se prononçait à l'issue de deux jours d'une réunion, à Genève, du groupe de travail créé à la suite de l'accord du 13 février entre les six pays (Chine, les deux Corées, Etats-Unis, Japon et Russie) engagés dans les pourparlers sur la dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).


"Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que la RPDC fournira une déclaration complète de tous ses programmes nucléaires et les démantèlera d'ici à la fin de l'année", a déclaré M. Hill, secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Asie de l'Est et du Pacifique. "Complète signifie complète", a répondu, laconique, le négociateur américain aux journalistes. Selon lui, la déclaration sur les installations nucléaires inclura des éclaircissements sur un programme d'enrichissement de l'uranium que les Etats-Unis accusent Pyongyang d'avoir poursuivi clandestinement.

La prochaine réunion à six est prévue en octobre à Pékin. La RPDC, qui a procédé, en octobre 2006, à un essai atomique, a respecté le premier engagement de l'accord du 13 février 2007 - la fermeture de sa principale centrale nucléaire, à Yongbyong, qui produit du plutonium - en échange d'une aide énergétique.

L'optimisme affiché par Christopher Hill est accueilli avec scepticisme par les observateurs des affaires nord-coréennes. Le négociateur américain ne s'est pas attardé sur les contreparties offertes à Pyongyang. Une des demandes de la RPDC est d'être rayée de la liste des pays soutenant le terrorisme dressée par Washington. Interrogé sur l'inclusion de cette question dans l'accord intervenu à Genève, le négociateur nord-coréen Kim Gye-gwan a répondu de manière ambiguë : "Je souhaite que ce soit ainsi que vous l'entendiez."

La Corée du Nord a d'autres demandes à faire valoir : levée des sanctions frappant un "pays ennemi" en vigueur depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953) ; signature d'un accord de paix avec les Etats-Unis et fourniture d'un réacteur à eau légère dans le cadre des contreparties à sa dénucléarisation.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 04.09.07.

 

2007年9月4日火曜日

Le gouvernement japonais confronté à une nouvelle démission

Le gouvernement japonais confronté à une nouvelle démission
LEMONDE.FR avec AFP | 03.09.07 | 09h57 • Mis à jour le 03.09.07 | 10h32


AP/Shuji Kajiyama
Le ministre de l'agriculture japonais, Takehido Endo, a annoncé sa démission, le 3 septembre 2007.


C'est un coup dur pour le premier ministre japonais, Shinzo Abe : son ministre de l'agriculture, Takehido Endo, mêlé à un scandale financier, a démissionné, lundi matin 3 septembre. Il est le cinquième ministre à devoir quitter le gouvernement depuis l'arrivée au pouvoir de M. Abe, il y a un an.


Le chef du gouvernement conservateur retrouvait pourtant un semblant de popularité, une semaine après avoir remanié son équipe, comme promis après la débâcle de son Parti libéral-démocrate aux élections sénatoriales, fin juillet.

SUBVENTIONS ILLÉGALES

Dans un premier temps, le ministre de l'agriculture, un député vétéran du PLD promu lundi dernier, avait exclu de démissionner, malgré une menace de motion de censure par l'opposition. Il a cependant présenté des excuses après avoir reconnu qu'un organisme de mutualité sociale agricole qu'il dirigeait avait perçu une subvention illégale de plus d'un million de yens (6 330 euros). Il a également admis avoir accepté un petit don politique de 50 000 yens en 2005, de la part d'une coopérative agricole subventionnée par l'Etat, ce qui est prohibé. L'argent a été rendu.

L'affaire tombe on ne peut plus mal pour le premier ministre conservateur, à une semaine de l'ouverture de la nouvelle session parlementaire. Le chef de l'opposition, Ichiro Ozawa, réclame sa démission et s'est engagé à se battre pour obtenir une dissolution de la Chambre des députés et des élections législatives anticipées.

 

2007年9月1日土曜日

L'opposition nippone refuse tout soutien logistique aux troupes étrangères en Afghanistan

L'opposition nippone refuse tout soutien logistique aux troupes étrangères en Afghanistan
LE MONDE | 31.08.07 | 15h06 • Mis à jour le 31.08.07 | 15h06
TOKYO CORRESPONDANT

La modification des équilibres de politique intérieure à la suite de la victoire de l'opposition démocrate aux élections sénatoriales de juillet pourrait se faire sentir sur la politique étrangère du Japon.

La chancelière allemande Angela Merkel, en visite à Tokyo, a pu mesurer, mercredi 29 août, la détermination du chef de l'opposition, Ichiro Ozawa, à refuser la prolongation de la mission d'appui logistique apporté par la marine japonaise dans l'océan Indien aux forces américaines et internationales engagées en Afghanistan. A moins d'être reconduite par un vote au Parlement - dont la Chambre haute est désormais contrôlée par le Parti démocrate -, cette mission prend fin le 1er novembre.

Après avoir éconduit il y a deux semaines l'ambassadeur américain, Thomas Schieffer, qui le pressait de reconsidérer sa position, M. Ozawa a réitéré son refus de reconduire cette mission au cours d'un entretien avec Mme Merkel, qui faisait valoir l'importance de celle-ci pour les navires allemands dans la région.

M. Ozawa, qui est opposé au déploiement des troupes de l'OTAN en Afghanistan, a déclaré ne pas être hostile à la participation des forces japonaises à des missions à l'étranger, à condition que celles-ci aient été autorisées par les Nations unies. "Rien de vous oblige à suivre le point de vue unilatéral des Etats-Unis", a-t-il lancé à Mme Merkel, qui doit faire face dans son pays à une opposition à la présence des troupes allemandes en Afghanistan.

"GUERRE AMÉRICAINE"

Selon M. Ozawa, le Japon n'a pas à participer à une "guerre américaine". Cette guerre a été déclenchée par les Etats-Unis seuls, sans concertation avec la communauté internationale et elle n'a aucune relation directe avec la paix et la sécurité du Japon, fait-il valoir.

Selon un sondage du quotidien de droite Sankei, 54 % des Japonais sont opposés à la prolongation de la mission de leur marine dans l'océan Indien.

En dépit de l'écrasante majorité dont dispose le parti gouvernemental à la Chambre basse, il est peu probable que la reconduction de cette mission, décidée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, pourra être votée avant le 1er novembre, si l'opposition, majoritaire au Sénat, fait obstruction.

La détermination de M. Ozawa sur cette question, qui n'est pas partagée par la droite de son parti, va conduire au premier affrontement au Parlement - en session à partir du 31 août - entre une opposition revigorée et le nouveau cabinet Abe. Ce dernier s'est engagé auprès de Washington à prolonger la mission de la marine nippone. Mais il devra vraisemblablement composer. M. Ozawa doit présenter à la Diète une contre-proposition accroissant l'aide civile à l'Afghanistan et excluant une participation du Japon à la guerre contre les talibans.

La non-reconduction par Tokyo de la mission de sa marine dans l'océan Indien risque d'avoir un "impact négatif certain" sur les relations entre les deux pays, a mis en garde l'ambassadeur américain.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 01.09.07.

 

2007年8月29日水曜日

Japon : Shinzo Abe remanie son gouvernement pour tenter de restaurer son image

Japon : Shinzo Abe remanie son gouvernement pour tenter de restaurer son image
LE MONDE | 27.08.07 | 14h55 • Mis à jour le 27.08.07 | 14h56
TOKYO CORRESPONDANT

Pour tenter de redresser son image après une humiliante défaite de son Parti libéral-démocrate (PLD) lors des élections sénatoriales de juillet, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a remanié son cabinet, lundi 27 août, en choisissant des hommes d'expérience pour les principaux portefeuilles. Si M. Abe ne parvient pas à remonter dans les sondages (sa popularité oscille entre 20 % et 30 %), il ne fait guère de doute que, confronté à une opposition majoritaire au Sénat et plus pugnace, il devra démissionner à plus ou moins brève échéance.

Le portefeuille des affaires étrangères a été attribué à Nobutaka Machimura, qui a occupé ces fonctions dans l'un des cabinets de son prédécesseur, Junichiro Koizumi, tandis que la défense échoit à un autre ancien chef de la diplomatie, Masahiko Komura. Yuriko Koike, première femme à avoir été brièvement à la tête de ce ministère, ne fait plus partie du cabinet.

Tandis que les finances reviennent à un politicien chevronné, Fukushiro Nukaga, le ministre de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI), Akira Amari, conserve ses fonctions. Un nouveau venu fait son entrée au gouvernement : Yoichi Masuzoe, qui devient ministre du travail et de la santé. Le secrétariat du cabinet et porte-parole du gouvernement a été attribué à une autre personnalité du PLD, Kaoru Yosano, qui devient ainsi le "bras droit" de M. Abe.

Le premier ministre s'est en outre efforcé de reprendre en main son parti. Il a attribué plusieurs portefeuilles aux chefs des clans qui le composent et il a placé à la tête du PLD son ex-ministre des affaires étrangères, Taro Aso.

Homme de droite, prétendant éventuel à la succession de M. Abe, M. Aso voit ainsi sa position renforcée : la direction du secrétariat général du PLD est stratégique pour briguer les fonctions de premier ministre.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 28.08.07.

 

Les Japonais exportent toujours plus de voitures, mais en achètent moins

Les Japonais exportent toujours plus de voitures, mais en achètent moins
LE MONDE | 27.08.07 | 14h06 • Mis à jour le 27.08.07 | 14h06
TOKYO CORRESPONDANCE


AFP/KEN SHIMIZU
Montage d'une Lexus, modèle de luxe de Toyota, à Miyata au Japon.


Tandis que les constructeurs nippons inondent la planète avec leurs voitures, les Japonais, eux, achètent de moins en moins de voitures.

Toyota, qui fête, mardi 28 août, ses 70 ans, doit annoncer cette semaine qu'il devrait dépasser les 10 millions de véhicules vendus en 2008. Mais pour assurer sa croissance, le nouveau numéro un mondial ne pourra pas compter sur son propre marché, qui ne cesse de décliner. Les ventes de voitures au Japon ont connu vingt-cinq mois consécutifs de baisse. Sur le premier semestre, le recul atteint 7,4 %, du jamais vu depuis 1977. Le marché est ainsi revenu à son niveau de 1985 !

Comment expliquer ce paradoxe : Toyota, Honda et Nissan sont parmi les constructeurs les plus rentables du monde, alors que leur marché intérieur est atone ?

Les coûts liés à la possession d'un véhicule sont un premier élément d'explication. "Les voitures coûtent trop cher", estime Yoshinobu Shigenaga, de l'Association japonaise des concessionnaires automobiles (JADA). Dans un contexte de stagnation des salaires, l'essence a augmenté, le litre dépassant les 140 yens (0,88 euro) cet été, contre 90 yens (0,57 euro) en 1999. En outre, le propriétaire d'un véhicule au Japon doit lui faire passer tous les deux ans un contrôle technique, le "shaken", d'un montant supérieur à 160 000 yens.

A cela s'ajoutent les frais d'assurance et de parking. Au moment d'acheter un véhicule, l'acquéreur doit prouver qu'il dispose d'un espace pour garer sa voiture. S'il n'en possède pas, le louer lui coûte en moyenne 40 000 yens (251 euros) par mois. Quand il se déplace, stationner son véhicule sur la voie publique étant interdit et passible d'une amende de 15 000 yens (94 euros), il doit recourir aux parkings publics, dont les montants peuvent atteindre 300 yens (1,90 euro) les quinze minutes.

Autre facteur d'explication, la concurrence d'un marché de l'occasion très compétitif. "Les modèles de seconde main sont généralement en excellent état", souligne M. Shigenaga. Sur ce marché, il n'y a, par exemple, aucun véhicule ayant été accidenté. Il ne trouverait pas preneur. La bonne affaire est d'autant plus fréquente que les marques japonaises sont parmi les meilleures du monde en termes de qualité.

L'évolution du comportement de la population a également un impact certain sur le niveau des ventes de voitures. Aujourd'hui, 20 % des Japonais ont plus de 65 ans. Cette proportion devrait grimper à 25 % en 2015, selon les projections du gouvernement. Or, plus on avance en âge, moins on est enclin à acheter une voiture neuve.

MODIFICATION DES COMPORTEMENTS
Dans le même temps, les jeunes hommes célibataires, qui ont longtemps tiré les ventes de voitures, ont aujourd'hui d'autres centres d'intérêts. "Ils n'aiment pas les voitures, déplore M. Shigenaga. Ils préfèrent consacrer leur argent aux services sur téléphones portables et aux jeux vidéo." Le temps où ils rognaient sur leurs dépenses pour s'offrir les derniers modèles ou effectuer de longues virées pendant leur temps libre, afin d'accumuler un maximum de kilomètres et comparer leur performance avec leurs amis, est révolu. Seulement 13 % des jeunes Tokyoïtes affirment posséder une voiture alors qu'ils étaient 23,6 % en 2000, selon les résultats d'une enquête du quotidien Nihon Keizai, dévoilés le 22 août. Sur la même période, le pourcentage de ceux qui souhaitent avoir un véhicule a chuté de 45,8 %, à 25,3 %. Le sondage révèle que, dans le même temps, 36 % de cette population préfèrent faire des économies, 8,2 points de plus qu'il y a sept ans.

Les familles elles-mêmes tendent à délaisser la voiture. Comme les célibataires, elles sont de plus en plus nombreuses à recourir à la location. Les loueurs proposent des formules de location pour six heures ou l'ouverture des agences 24 heures sur 24.

Autre phénomène en développement, celui du partage des véhicules, un secteur dominé par la société Orix, qui prévoit de doubler ses sites consacrés à cette activité à Tokyo.

Dans ce contexte morose pour eux, les concessionnaires s'efforcent de modifier leur comportement. De plus en plus choisissent d'élargir la gamme des véhicules proposés. D'autres modifient leurs techniques de ventes.

Chez Toyopet, le client est accueilli par une hôtesse. S'il s'intéresse à un modèle, il se voit confié à un commercial. Ce système, inspiré des techniques en vigueur dans l'hôtellerie, doit mettre à l'aise le client et lui laisser le temps de découvrir les produits.

Les constructeurs, eux, cherchent en permanence à améliorer les véhicules. L'accent est mis actuellement sur les systèmes d'aide au stationnement ou sur le confort et la douceur. L'objectif est de séduire les femmes qui, selon une étude effectuée par le constructeur Nissan, jouent un rôle décisif dans 60 % des achats de véhicules.

Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 28.08.07.


CHIFFRES

DURÉE D'UTILISATION D'UN VÉHICULE :
11,1 ans en 2006 contre 9,3 en 1996.

NOMBRE DE KILOMÈTRES PARCOURUS PAR VÉHICULE EN UN MOIS :
424 km en 2006, en baisse de 8 % par rapport à 1993.

NOMBRE DE TITULAIRES D'UN PERMIS DE CONDUIRE :
79, 3 en 2006 contre 71,2 en 1997.

NOMBRE DE VÉHICULES VENDUS EN UN AN :
4,6 millions en 2006 contre 5,1 en 1990 (chiffre jamais dépassé depuis).

NOMBRE DE VÉHICULES IMPORTÉS :
278 726 en 2006 contre 439 638 en 1996 (chiffre jamais atteint depuis).

NOMBRE DE VÉHICULES EXPORTÉS :
5,29 en 2006 contre 2,86 en 1996.

 

2007年8月25日土曜日

Dix condamnés ont été exécutés depuis l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe

Dix condamnés ont été exécutés depuis l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe
LE MONDE | 24.08.07 | 16h14 • Mis à jour le 24.08.07 | 16h14
TOKYO CORRESPONDANCE

AP/Lai Seng Sin
Le premier ministre japonais Shinzo Abe, vendredi 24 août en Malaisie. Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2006, dix condamnés à mort ont été exécutés au Japon.


Ignorant les critiques, le Japon a procédé à de nouvelles exécutions capitales. Trois condamnés à mort ont été pendus jeudi 23 août à l'aube, a fait savoir le ministère de la justice qui, comme à son habitude, n'a dévoilé ni leur identité ni les crimes commis. Selon les médias locaux et Amnesty International, les condamnés seraient Hifumi Takezawa, 69 ans, Yoshio Iwamoto, 63 ans, et Kozo Segawa, 60 ans, tous trois reconnus coupables de meurtres.


Ces exécutions portent à dix le nombre de condamnés à mort ayant vu leur peine appliquée depuis que Shinzo Abe est devenu premier ministre, en septembre 2006. Quatre, dont un chrétien, ont été exécutés le jour de Noël, trois le 27 avril. Auparavant, les pendaisons avaient connu un moratoire de quinze mois, période où le ministère de la justice était dirigé par Seiken Sugiura, un avocat aux convictions bouddhistes, opposé à la peine capitale. Son successeur, Jinen Nagase, y est, lui, favorable.

Les pendaisons ont suscité des critiques du Conseil de l'Europe, qui les a jugées " inadmissibles". René Van der Linden, le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil, a rappelé que "la peine de mort n'a pas de place dans le système moderne civilisé et son application relève de la torture et des peines inhumaines ou dégradantes au sens de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme". Amnesty International a émis l'espoir que Tokyo s'engage, "dans un avenir proche, dans la voie de l'abolition de la peine capitale".

Le gouvernement nippon répond à ces critiques en affirmant que, selon les sondages, 80 % des Japonais sont favorables à la peine de mort. Désireux d'éviter tout débat public, il programme les exécutions lorsque le Parlement n'est pas en session où à quelques jours d'un remaniement ministériel. Au lendemain des pendaisons de Noël 2006, Mizuho Fukushima, avocate dirigeant le Parti social-démocrate et membre d'un groupe d'élus abolitionnistes, avait réclamé en vain un débat national. Les pendaisons de jeudi interviennent quatre jours avant un remaniement ministériel du cabinet Abe.

Actuellement, 103 détenus attendent dans les couloirs de la mort, contre une soixantaine il y a une dizaine d'années. Le plus connu est Shoko Asahara, le dirigeant de la secte Aum condamné en 2004 pour l'attentat au gaz sarin du métro de Tokyo en 1995. Tous vivent dans un isolement absolu et sous surveillance permanente.

Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 25.08.07.

 

2007年8月22日水曜日

Le nucléaire civil au centre de la visite du premier ministre japonais en Inde

Le nucléaire civil au centre de la visite du premier ministre japonais en Inde
LEMONDE.FR | 21.08.07 | 15h56 • Mis à jour le 21.08.07 | 16h30


AP/Manish Swarup
Le premier ministre japonais Shinzo Abe et son homologue indien Manmohan Singh, le 21 août 2007 à Delhi.



Des négociations en vue d'accords dans le domaine commercial et sur le nucléaire civil devraient être au centre du voyage du premier ministre japonais, Shinzo Abe, en Inde, commencé mardi 21 août. Pendant cette visite de trois jours, ce dernier rencontrera notamment son homologue indien, Manmohan Singh.


"Notre objectif est d'augmenter le volume de nos échanges commerciaux", a expliqué lundi le ministre des affaires étrangères indien, Shiv Shankar Menon. Evalué aujourd'hui à sept millions de dollars, une étude réalisée par la Fédération indienne des chambres de commerce et d'industrie rapporte que le montant des échanges entre les deux pays pourrait doubler en cinq ans.

Les deux gouvernements devraient annoncer un projet de construction du Delhi-Mumbai Industrial Corridor, un couloir entre Delhi et la capitale financière, Mumbai, incluant une voie ferrée, plusieurs ports et aéroports. Ce projet est évalué à plus de 90 millions de dollars.

NOUVELLES RELATIONS ÉCONOMIQUES

Par ailleurs, les deux dirigeants devraient évoquer la question d'un partenariat stratégique sur le nucléaire civil. Cette annonce relègue donc dans le passé les sévères critiques du Japon à l'encontre des tests nucléaires indiens en 1998.

La visite du M. Abe faisait les titres de la presse indienne, optimiste, mardi."Cette visite devrait redéfinir les contours des relations économiques indo-japonaises", commente le Hindustan Times. Un membre du gouvernement aurait même salué M. Abe comme étant "l'un des premiers ministres ayant les relations les plus amicales avec l'Inde", rapporte The Times of India.

Un enthousiasme que comprend bien la presse japonaise. Selon, l'Asahi Shimbun, "l'accord, bien que réciproque, sera particulièrement important pour l'Inde dans la mesure où ce pays essaye de courtiser les investisseurs étrangers", expliquait le quotidien dans son édition du 14 août. Néanmoins, aux yeux des analystes, ce partenariat stratégique entre l'Inde et le Japon pourrait se faire au détriment d'un troisième protagoniste : le voisin et géant chinois.

 

2007年8月17日金曜日

L'auto japonaise dédommage des victimes de la pollution



L'auto japonaise dédommage des victimes de la pollution
LE MONDE | 16.08.07 | 16h39 • Mis à jour le 16.08.07 | 16h39
TOKYO CORRESPONDANCE


REUTERS/© Kim Kyung Hoon / Reuters
Avec quelque 34 millions d'habitants, l'aire urbaine de Tokyo est la plus peuplée au monde. Elle est également très polluée.



Des constructeurs automobiles et de poids lourds vont dédommager des citoyens s'estimant victimes de la pollution de l'air des villes. Il s'agit sans doute d'une première mondiale. Les marques concernées, toutes japonaises, sont Toyota, Nissan, Nissan Diesel, Hino, Mitsubishi, Isuzu et Mazda. Ils ont accepté de régler à 520 plaignants la somme de 1,2 milliard de yens (7,4 millions d'euros). Ces sociétés consacreront également 3,3 milliards de yens (20,4 millions d'euros) à un programme d'aide médicale pour les asthmatiques de Tokyo.

L'accord entre les constructeurs et les plaignants a été conclu le 8 août à Tokyo. Il l'a été dans le cadre d'une médiation proposée par la cour d'appel de Tokyo et le tribunal régional de la capitale. Les citoyens indemnisés avaient déposé des plaintes contre le gouvernement japonais, la préfecture de Tokyo, la compagnie d'autoroutes Metropolitan Expressway Public Corporation et ces constructeurs automobiles.

Cet accord met fin à une procédure lancée, en 1996, par 99 personnes. Elles souffraient de problèmes respiratoires et s'estimaient victimes de la pollution provoquée par les véhicules diesel, tenus comme plus polluants que ceux fonctionnant à l'essence. Le nombre de plaignants avait augmenté au cours des onze ans qu'a duré l'affaire, et il se pourrait que l'accord du 8 août fasse des émules.

En 2002, le tribunal régional de Tokyo avait condamné la préfecture et la compagnie autoroutière à verser 79,2 millions de yens (489 000 euros) à sept plaignants vivant à moins de 50 mètres d'axes particulièrement fréquentés de la capitale.

Ce jugement exonérait les constructeurs de toute responsabilité, considérant qu'ils étaient tenus par ailleurs de s'assurer que les émissions de leurs véhicules ne provoquaient pas de graves problèmes de santé. Les constructeurs avaient estimé que ce jugement était équitable.

L'affaire a été examinée en appel cette année. Le 30 juin, les plaignants ont donc accepté le principe d'une conciliation. L'accord a été conclu après acceptation par les constructeurs automobiles du principe du versement de dédommagements aux victimes, dont les rangs s'étaient étoffés entre-temps.

Les sept constructeurs auraient finalement cédé par crainte de voir se ternir leur image de sociétés soucieuses de l'environnement. Manifestement désireux de rester discrets et de mettre un terme à cette affaire, ils n'ont pas officiellement réagi après l'annonce de l'accord. Outre sa durée, l'affaire a bénéficié d'une exposition médiatique de plus en plus importante. Ayant compris qu'ils y avaient tout intérêt, les plaignants ont organisé, le 27 juin, une manifestation devant le siège de Toyota. Ils voulaient montrer, selon les termes d'un participant, que "les constructeurs sont des persécuteurs et qu'il y a des victimes".

Même s'ils désiraient aboutir rapidement, ne serait-ce que parce que 108 des personnes ayant déposé plainte depuis 1996 sont aujourd'hui mortes, les plaignants se disent un peu frustrés par l'issue de l'affaire. Ils regrettent notamment que les constructeurs n'aient pas été reconnus "socialement responsables".

L'accord du 8 août n'a pas empêché le porte-parole du groupe des victimes, Junji Nishi, d'appeler à une "réduction importante de la pollution à Tokyo". C'est tout l'objet du second volet de la médiation, qui prévoit que le gouvernement, la préfecture de Tokyo et Metropolitan Expressway assureront la promotion des véhicules peu polluants, augmenteront les espaces verts le long des axes routiers et renforceront les mesures de la pollution atmosphérique.

Paradoxalement, une étude rendue publique, mercredi 15 août, par un club automobile allemand, VCD, met à l'honneur les automobiles japonaises : sept d'entre elles - de marque Honda, Toyota, Daihatsu et Mazda - figurent parmi les dix premières d'un classement fondé sur la consommation de carburant et l'émission de gaz polluants.

La pollution causée par les transports préoccupe de plus en plus le Japon, bien que ce pays a déjà reconnu qu'il ne pourra pas respecter ses engagements sur les émissions de gaz à effet de serre pris dans le cadre du protocole de Kyoto. Les autorités japonaises ont évoqué, mardi 14 août, le principe d'une réduction de la taxe sur les agrocarburants, qui pourrait être appliquée dès 2008.

Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 17.08.07.


AUTOMOBILE.
L'Etat de Californie engage en septembre 2006 des poursuites contre six constructeurs automobiles - General Motors, Chrysler, Ford, Toyota, Honda et Nissan - pour leur responsabilité dans le réchauffement climatique. L'affaire est en cours.

TABAC.
La Cour suprême de Floride annule en juillet 2006 une décision de justice condamnant cinq fabricants de cigarettes à payer à des fumeurs 145 milliards de dollars (113 milliards d'euros). En février 2005, les cigarettiers avaient remporté une première victoire face au département américain de la justice, qui leur réclamait 280 milliards de dollars (208 milliards d'euros) pour avoir "sciemment trompé le public sur les risques représentés par la cigarette".

ALIMENTATION.
La cour d'appel de New York juge recevable en janvier 2005 une plainte de deux adolescentes contre la chaîne de restauration McDonald's. Elles accusent la société d'être responsable de leur obésité.

 

2007年8月15日水曜日

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa pourrait rester arrêtée encore un an

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa pourrait rester arrêtée encore un an
LE MONDE | 14.08.07 | 15h34 • Mis à jour le 14.08.07 | 15h34
TOKYO CORRESPONDANCE


AP
Le séisme du 16 juillet 2007 a occasionné d'importants dégâts à la centrale nucléaire de Kashiwazaki Kariwa, l'une des plus grosses du monde, contrainte à la fermeture jusqu'à une date indéfinie.


Le cas de la centrale japonaise de Kashiwazaki-Kariwa est en discussion à Vienne, au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). La direction de l'agence onusienne a auditionné, lundi 13 août, l'équipe d'inspecteurs ayant visité le site touché par le séisme de magnitude 6,8 survenu dans la préfecture de Niigata le 16 juillet. Menée par Philippe Jamet, directeur du département de sûreté des installations au sein de l'AIEA, elle a passé quatre jours dans l'enceinte de la centrale.

Au terme de l'inspection, le 10 août, M. Jamet a déclaré que le redémarrage de la centrale, d'une puissance supérieure à huit gigawatts, ne pourrait pas intervenir avant "plusieurs mois, voire une année". Reconnaissant que l'équipe s'était sentie "libre d'enquêter sur tout", l'expert français a insisté sur la nécessité d'"élaborer une méthodologie" avant de remettre en service les sept réacteurs de la centrale.

Après l'avoir refusée, le Japon a finalement accepté, fin juillet, la venue des experts de l'AIEA à Kashiwazaki-Kariwa. Le gouvernement a cédé aux pressions des autorités locales et des habitants de la région. L'inquiétude de la population a été alimentée par le comportement de Tepco, la compagnie d'électricité de Tokyo, propriétaire de la centrale.

Le séisme a provoqué plusieurs dizaines d'incidents, dont des fuites radioactives. Tepco, déjà reconnue coupable dans le passé d'avoir dissimulé maints problèmes, parfois critiques, a cette fois encore tardé à les reconnaître. Elle a fini par admettre que la centrale de Kashiwazaki-Kariwa n'avait pas été conçue pour résister à un séisme d'une telle violence.

Désireux de rassurer une opinion publique plutôt hostile au nucléaire, le gouvernement a établi, en septembre 2006, de nouvelles normes antisismiques pour la construction des centrales. Le 10 août, il a, dans un rapport sur le nucléaire, signalé que "la sécurité devait être une priorité absolue".

Dans une tribune publiée le lendemain par le quotidien Asahi, Katsuhiko Ishibashi, expert en sûreté urbaine à l'université de Kobe, soulignait l'insuffisance des nouvelles normes qui exigent une capacité de résistance à des accélérations de 450 gal (1 gal = 1 cm/s²) maximum. Pour lui, une centrale devrait pouvoir résister "à une accélération générée par un séisme de magnitude de 7,3, soit potentiellement 1 000 gal". Celle causée par le tremblement de terre de juillet a atteint 993 gal.

Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 15.08.07.

 

2007年8月14日火曜日

Les exportations et la consommation pénalisent la croissance japonaise

Les exportations et la consommation pénalisent la croissance japonaise
LE MONDE | 13.08.07 | 16h11 • Mis à jour le 13.08.07 | 16h11
TOKYO CORRESPONDANCE

Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a progressé de 0,1 % entre avril et juin 2007 (+ 0,5 % en glissement annuel, un chiffre inférieur aux estimations des économistes, qui tablaient sur un gain de 1 % sur un an).

Même si le pays enregistre son 10e trimestre consécutif de croissance positive, cette annonce, faite lundi 13 août par le gouvernement, témoigne d'un ralentissement certain. Au cours des trois premiers mois de l'année, la croissance avait été de 0,8 % et de 1,3 % entre octobre et décembre 2006.

Cette modeste performance est due à la faible hausse des exportations (+ 0,9 %, contre + 3,4 % entre janvier et mars). La contraction de la demande en produits japonais aux Etats-Unis semble en être la principale cause.

Quant à la demande intérieure, elle n'a quasiment pas progressé. Les particuliers étant confrontés à une stagnation durable des salaires, la consommation des ménages n'a pas dépassé les 0,4 %, contre 0,8 % le trimestre précédent.

Le principal moteur de la croissance, entre avril et juin, aura été les investissements des entreprises (+ 1,2 %, contre + 0,3 % entre janvier et mars).

Cette annonce se produit au moment où la Banque du Japon (BoJ) multiplie, en coordination avec la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale notamment, les interventions sur les marchés pour limiter l'impact de la crise du crédit à risque aux Etats-Unis. Elle l'a fait lundi à hauteur de 600 milliards de yens (3,7 milliards d'euros) après avoir injecté 1 000 milliards de yens (6,2 milliards d'euros) vendredi.

La progression du PIB et les problèmes sur les marchés ont relancé les spéculations sur l'évolution de sa politique monétaire. La BoJ réunit son conseil politique les 22 et 23 août. Une hausse du taux directeur, actuellement à 0,5 %, était attendue. Elle pourrait être reportée.

Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 14.08.07.

 

2007年8月10日金曜日

Le Japon, l'île des enfants perdus

Le Japon, l'île des enfants perdus
LE MONDE | 09.08.07 | 15h58 • Mis à jour le 09.08.07 | 15h58


A Tokyo, les jeunes qui n'ont pas les moyens de se loger louent des box dans des cafés Internet, qui fonctionnent 24 heures sur 24 et offrent de nombreux services : location de DVD, bibliothèque, restauration etc.

ASSOCIATED PRESS/Shizuo Kambayashi
TOKYO CORRESPONDANT




Souvent d'un confort feutré avec leurs spacieuses bibliothèques de mangas et de DVD, leurs box au fauteuil moelleux séparés par de minces cloisons à mi-hauteur et leurs distributeurs de boissons, sandwichs ou bols de nouilles instantanées, les cafés Internet qui fonctionnent 24 heures sur 24 sont les nouveaux repaires des jeunes Japonais.


La plupart viennent pour surfer sur le Web, d'autres pour tuer le temps, regarder la télévision ou se reposer dans la pénombre d'un lieu confortable, loin du brouhaha des rues des quartiers animés. Certains en ont fait leur tanière. Ce sont les "réfugiés du Net" : des jeunes de 20 à 30 ans qui naviguent d'un petit boulot à l'autre et ne gagnent pas assez pour se payer un logement ou une chambre d'hôtel. Dans les cafés Internet, ils peuvent passer six heures pour 1 500 yens (9 euros) ou moins dans les quartiers périphériques. La plupart des grands établissements disposent d'une centaine de box.

Minuit passé. Devant la machine à boissons chaudes, il attend que son gobelet se remplisse. La trentaine, jeans et tee-shirt bleu, les cheveux en broussaille. "Cool" comme des milliers de ses congénères croisés auparavant dans les rues du quartier branché de Shibuya à Tokyo. "Vous, vous cherchez un nouveau pauvre ?, dit-il, avec un sourire amer. Bingo ! Vous l'avez. Trente ans, une vingtaine de boulots sans lendemain. Depuis trois mois, je vis ici avec un petit sac et des sous-vêtements jetables. Je suis un "one call worker" : enregistré auprès d'une agence de placement qui m'appelle sur mon portable quand il y a un boulot. Dans les 1 000 yens de l'heure. Je dépense 1 500 yens pour ma nuit. Je mange dans des McDo. Humiliant, non ? Le gouvernement parle de "seconde chance" pour les perdants comme moi, poursuit le jeune homme. Mais y en a marre : on ne quémande pas une chance, un coup de bol. On veut une vie décente, c'est tout. Mon nom ? Je suis personne dans cette société." Dans le gobelet, le café refroidit. Il le prend, puis, sur un "Salut !", part vers son box.

Les cafés Internet offrent un condensé de la société japonaise contemporaine : prospère, lisse et efficace en surface, mais parcourue d'ondes souterraines dénotant malaise et dysfonctionnements. Dans les cafés Internet les plus modernes, ceux des quartiers animés, l'accueil est digne d'un hôtel. Atmosphère feutrée et services multiples. Fondus parmi les clients - car rien dans leur apparence ne les distingue vraiment - se nichent les jeunes paumés.

Après une décennie de récession, la machine productive nippone est repartie, mais elle laisse sur le carreau nombre de jeunes. Ce sont des "freeters" (mot composé de l'anglais free et de l'allemand arbeiter, désignant ici ceux qui font des petits boulots, c'est-à-dire des jeunes en situation précaire). Ayant grandi dans le Japon de la "bulle financière" de la fin des années 1980, ils sont arrivés sur le marché du travail à la fin de la "période glaciaire" de la récession, quand les entreprises soucieuses de réduire les coûts ont sabré dans l'emploi permanent pour privilégier le travail temporaire. Ils forment ce que le quotidien Asahi a baptisé la "génération perdue".

Le gouvernement estime à 1,8 million le nombre des freeters, filles et garçons. Si, au début de la décennie, on a pu voir en eux l'expression des valeurs individualistes d'une génération plus orientée vers des satisfactions personnelles que ses parents dévoués à l' entreprise, beaucoup ont découvert que leur situation est moins synonyme de liberté que de précarité.

Aux largués de la reprise, freeters et jeunes désargentés arrivés de la campagne qui n'ont pas de quoi payer un loyer et encore moins les trois mois d'avance pour obtenir un logement s'ajoutent ceux que des sociologues anglais ont baptisés "neet" (Not in Education, Employment or Training). Ils ne sont pas étudiants ni en formation : ils dérivent. D'entrée de jeu, ils ont baissé les bras. Pour la plupart, ce sont des adolescents introvertis qui refusaient d'aller à l'école (phénomène préoccupant dans l'Archipel depuis une décennie). Adultes, ils restent refermés sur eux-mêmes. Ils seraient 800 000.

Les neet sont un symptôme du malaise d'une société devenue férocement compétitive, qui condamne leur inadaptation, la mettant au compte de la fainéantise. Un message qu'ils reçoivent comme une négation de leur droit à l'existence. Les neet forment une bonne partie des jeunes qui se suicident. Comme eux, beaucoup de freeters ont le sentiment d'être pris dans une nasse.

Les quelque deux mille cafés Internet que compte le Japon sont moins chers qu'un sauna ouvert toute la nuit ou que les "hôtels capsules", aux couchettes superposées comme dans un wagon-lit. Et les boissons sont gratuites. La nuit, les plus grands sont pleins.

Outre la faune des habitués (10 % selon les employés), qui viennent pour quelques semaines, voire quelques mois, on y côtoie des salariés qui ont raté le dernier train. Ils ronflent les pieds sur la tablette de l'ordinateur dans les fauteuils inclinables des petits box de 2 m2, où l'on se déchausse avant d'entrer. Çà et là, dans les compartiments à deux, des couples profitent de la pénombre complice pour se caresser discrètement. Certains sont des lycéens qui ont raconté à leurs parents qu'ils dormaient chez un copain ou une copine. Devant d'autres box sont posées des chaussures à talons hauts : des filles de la nuit (hôtesses de bar et autres) qui attendent les premiers métros. Au petit matin, tout ce petit monde s'ébroue vers les douches de l'établissement. Certains ont même une salle de sport.

Les réfugiés du Net sont l'une des facettes de la nouvelle pauvreté nippone, fille d'une inégalité croissance entre ceux qui ont un travail fixe et les autres. Une disparité qui passe désormais par un clivage entre générations.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 10.08.07.

 

L'AIEA confirme la fermeture, pour plusieurs mois, de la centrale nucléaire japonaise touchée par un séisme

L'AIEA confirme la fermeture, pour plusieurs mois, de la centrale nucléaire japonaise touchée par un séisme
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 10.08.07 | 10h27 • Mis à jour le 10.08.07 | 10h29


AP/KATSUMI KASAHARA
Les experts de l'AIEA ont passé quatre jours sur le site de Kashiwazaki-Kariwa et rencontré à plusieurs reprises des techniciens de Tepco.

A l'issue d'une visite de quatre jours de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, endommagée par un violent séisme le 16 juillet, les experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont confirmé vendredi 10 août que son redémarrage n'aura pas lieu avant plusieurs mois.

La secousse, d'une magnitude de 6,8 sur l'échelle de Richter, avait provoqué un incendie dans un transformateur électrique et des fuites d'eau légèrement radioactive dans la mer du Japon, jugées sans danger pour la santé. Les autorités japonaises avaient alors décidé de la fermer pour une période indéterminée. La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) a depuis reconnu que sa centrale nucléaire, la plus grande du monde, n'était pas conçue pour résister à un séisme d'une telle force.

Interrogé sur les vérifications nécessaires avant une reprise des opérations, Philippe Jamet, chef de la délégation d'experts sur place et directeur du département de sûreté des installations à l'AIEA, a estimé que la reprise des activités "ne pourra pas se faire très vite", parlant "de mois", voire "d'une année" de travail. Toutefois, il a confié à la presse ne pas être "trop inquiet" :"Quand on décide de mettre en service ce genre de centrale, il faut étudier très précisément ce qui doit être vérifié, démontré, où sont les priorités, quels sont désormais les niveaux maxima de séismes à prendre en compte. Il faut élaborer une méthodologie (...). C'est un des tests que nous devrons conduire dans les prochains mois", a précisé l'émissaire de l'AIEA.

LES BÉNEFICES DE TEPCO AMPUTÉS DE 80 %

Selon M. Jamet, "cette mission est extrêmement importante. Il est essentiel que tous les pays puissent tirer des enseignements de ce séisme, de la façon dont il a été géré, à partir de l'état de la centrale" . Le gouvernement japonais avait hésité quelques jours avant d'inviter les experts à inspecter la centrale, pour mettre fin aux rumeurs alarmistes à l'étranger et apaiser les craintes de la population. Les six inspecteurs de l'AIEA ont passé quatre jours sur le site et rencontré à plusieurs reprises des techniciens de Tepco et les autorités chargées de la sûreté nucléaire.

Avant cette visite, il était déjà envisagé que la centrale pourrait ne pas reprendre son activité avant mars 2008, le temps de renforcer ses capacités antisismiques. Cette fermeture va coûter cher à Tepco, première compagnie privée d'électricité du monde. La compagnie a annoncé fin juillet qu'elle amputait de 80 % sa prévision de bénéfice net pour l'exercice en cours, escomptant désormais 65 milliards de yens (400 millions d'euros) pour l'année 2007-2008, contre une prévision de 310 milliards de yens.

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa produisait à elle seule la moitié de l'énergie nucléaire du pays et fournissait la quasi-totalité de l'alimentation électrique de Tokyo, dont les besoins grimpent avec les températures d'été. Pour compenser cette perte, le président de Tepco, Tsunehisa Katsumata, a annoncé fin juillet la mise en place de plusieurs mesures : l'augmentation de la production d'autres centrales, l'utilisation d'énergies alternatives (charbon et gaz) et le rachat d'électricité à d'autres entreprises. Les Japonais ont aussi été appelés à réduire leur consommation.
 
 

2007年8月9日木曜日

Un duo de Français remporte le championnat de "cosplay" au Japon

Un duo de Français remporte le championnat de "cosplay" au Japon
LEMONDE.FR | 07.08.07 | 14h45 • Mis à jour le 07.08.07 | 15h58





Un duo de Français a remporté, ce week end, le championnat du monde de "cosplay", qui s'est déroulé, comme chaque année, à Tokyo.
Le "cosplay", originaire du Japon, vient de la contraction de "costume" et de "play", et consiste à se glisser dans la peau de son héros de manga préféré et à en rejouer certaines scènes.

 

2007年8月8日水曜日

Pour la première fois depuis 1955, la présidence du Sénat japonais échappe aux conservateurs

Pour la première fois depuis 1955, la présidence du Sénat japonais échappe aux conservateurs
LEMONDE.FR avec AFP | 07.08.07 | 12h22 • Mis à jour le 07.08.07 | 12h39


AP
"Nous sommes face à une situation politique que nous n'avons jamais connue auparavant", a déclaré Satsuki Eda, le nouveau président du Sénat japonais issu de l'opposition.



Satsuki Eda, l'un des hauts dirigeants du Parti démocrate, a pris, mardi 7 août, la présidence du Sénat japonais, pour trois ans. Une conséquence de la victoire de son parti de centre-gauche sur les conservateurs au pouvoir, lors des élections sénatoriales du 29 juillet.

"La composition de la Chambre haute a changé spectaculairement. Nous sommes face à une situation politique que nous n'avons jamais connue auparavant", a déclaré M. Eda. Le Parti libéral-démocrate du premier ministre, Shinzo Abe, avait hérité, depuis sa création en 1955, de la présidence du Sénat, même s'il n'y détenait plus à lui seul la majorité depuis 1989.


Malgré sa défaite, M. Abe refuse de démissionner et envisage de remanier le gouvernement et l'appareil de son parti le 27 août, puis de convoquer une session extraordinaire du Parlement.

 

2007年8月7日火曜日

L'AIEA inspecte la centrale nucléaire japonaise endommagée par le séisme du 16 juillet

L'AIEA inspecte la centrale nucléaire japonaise endommagée par le séisme du 16 juillet
LEMONDE.FR avec AFP | 06.08.07 | 10h15 • Mis à jour le 06.08.07 | 10h15

AFP/YOSHIKAZU TSUNO
Philippe Jamet, directeur du Département de sûreté des installations nucléaires de l'AIEA, a entamé, lundi, une visite de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, endommagée par un violent séisme.


Une équipe d'experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a commencé, lundi 6 août, à inspecter la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, au centre du Japon. Cette centrale, la plus grande du monde, a été endommagée par un violent tremblement de terre le 16 juillet.

"Notre but aujourd'hui est de tirer les leçons du séisme qui s'est produit ici et de les partager avec la communauté internationale", a déclaré Philippe Jamet, directeur du Département de sûreté des installations nucléaires de l'AIEA. Les six inspecteurs doivent passer quatre jours dans la centrale, fermée pour une période indéterminée par les autorités à la suite d'un incendie et de légères fuites radioactives provoqués par le tremblement de terre. La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) a depuis reconnu que sa centrale n'était pas conçue pour résister à un séisme d'une telle force.


La secousse, de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter, avait fait onze morts, plus de mille blessés et détruit des milliers d'habitations dans la province de Niigata.

Après avoir hésité, le gouvernement japonais a finalement invité l'AIEA à inspecter la centrale, afin de mettre fin aux rumeurs alarmistes à l'étranger et d'apaiser les craintes de l'opinion japonaise.


 

ブログ アーカイブ