LE MONDE | 14.08.07 | 15h34 • Mis à jour le 14.08.07 | 15h34
TOKYO CORRESPONDANCE

Le séisme du 16 juillet 2007 a occasionné d'importants dégâts à la centrale nucléaire de Kashiwazaki Kariwa, l'une des plus grosses du monde, contrainte à la fermeture jusqu'à une date indéfinie.
Le cas de la centrale japonaise de Kashiwazaki-Kariwa est en discussion à Vienne, au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). La direction de l'agence onusienne a auditionné, lundi 13 août, l'équipe d'inspecteurs ayant visité le site touché par le séisme de magnitude 6,8 survenu dans la préfecture de Niigata le 16 juillet. Menée par Philippe Jamet, directeur du département de sûreté des installations au sein de l'AIEA, elle a passé quatre jours dans l'enceinte de la centrale.
Au terme de l'inspection, le 10 août, M. Jamet a déclaré que le redémarrage de la centrale, d'une puissance supérieure à huit gigawatts, ne pourrait pas intervenir avant "plusieurs mois, voire une année". Reconnaissant que l'équipe s'était sentie "libre d'enquêter sur tout", l'expert français a insisté sur la nécessité d'"élaborer une méthodologie" avant de remettre en service les sept réacteurs de la centrale.
Après l'avoir refusée, le Japon a finalement accepté, fin juillet, la venue des experts de l'AIEA à Kashiwazaki-Kariwa. Le gouvernement a cédé aux pressions des autorités locales et des habitants de la région. L'inquiétude de la population a été alimentée par le comportement de Tepco, la compagnie d'électricité de Tokyo, propriétaire de la centrale.
Le séisme a provoqué plusieurs dizaines d'incidents, dont des fuites radioactives. Tepco, déjà reconnue coupable dans le passé d'avoir dissimulé maints problèmes, parfois critiques, a cette fois encore tardé à les reconnaître. Elle a fini par admettre que la centrale de Kashiwazaki-Kariwa n'avait pas été conçue pour résister à un séisme d'une telle violence.
Désireux de rassurer une opinion publique plutôt hostile au nucléaire, le gouvernement a établi, en septembre 2006, de nouvelles normes antisismiques pour la construction des centrales. Le 10 août, il a, dans un rapport sur le nucléaire, signalé que "la sécurité devait être une priorité absolue".
Dans une tribune publiée le lendemain par le quotidien Asahi, Katsuhiko Ishibashi, expert en sûreté urbaine à l'université de Kobe, soulignait l'insuffisance des nouvelles normes qui exigent une capacité de résistance à des accélérations de 450 gal (1 gal = 1 cm/s²) maximum. Pour lui, une centrale devrait pouvoir résister "à une accélération générée par un séisme de magnitude de 7,3, soit potentiellement 1 000 gal". Celle causée par le tremblement de terre de juillet a atteint 993 gal.
Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 15.08.07.
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