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2007年9月28日金曜日

Les défis de Yasuo Fukuda, nouveau premier ministre japonais

Les défis de Yasuo Fukuda, nouveau premier ministre japonais
LE MONDE | 26.09.07 | 16h14 • Mis à jour le 26.09.07 | 16h14
TOKYO CORRESPONDANT

Elu premier ministre du Japon à une large majorité par la Chambre basse, Yasuo Fukuda a formé, mardi 25 septembre, un cabinet dont il ne cache pas qu'il est "dos au mur". "A la moindre erreur, nous risquons de perdre le pouvoir", a-t-il reconnu au cours de sa première conférence de presse. La phase critique de la crise ouverte par la brusque démission, le 12 septembre, de son prédécesseur, Shinzo Abe, se referme. Mais le climat est loin d'être apaisé et un affrontement est attendu au Parlement. La Chambre basse est dominée par le Parti libéral démocrate (PLD), tandis que le Parti démocrate du Japon (PDJ, opposition) contrôle désormais la Chambre haute.


Sur la défensive, avec une opposition revigorée par sa victoire aux élections sénatoriales de juillet, contraint à plus ou moins brève échéance de provoquer des élections générales anticipées pour asseoir sa légitimité, le nouveau premier ministre a cherché à resserrer les rangs de son parti. Il a maintenu à leur poste la plupart des ministres du cabinet sortant, et nommé comme secrétaire du gouvernement et porte-parole, Nobutaka Machimura, chef du plus puissant clan du PLD, qui devient ainsi le numéro deux de l'exécutif.

Parmi les grands ministères, seules les affaires étrangères et la défense changent de titulaire : le premier revenant à Masahiko Komura, détenteur du portefeuille de la défense dans le précédent cabinet ; et le second à Shigeru Ishiba, qui avait déjà occupé ces fonctions en 2002-2003. Le quotidien Asahi (centre gauche) compare ce cabinet à une "photographie aux couleurs sépia". En dépit de cette absence de renouveau, l'arrivée au pouvoir de Yasuo Fukuda, conservateur modéré, ouvre la voie à une salutaire mutation dans l'exercice du pouvoir et à un recentrage des priorités politiques.

Le principal adversaire de M. Fukuda est un autre vétéran de la politique, le pugnace Ichiro Ozawa, chef du PDJ. Leur affrontement, bien qu'il "manque de clinquant", permettra de revenir aux problèmes de fond, poursuit Asahi. Cette crise pourrait, en cela, avoir eu un effet bénéfique en relançant le débat démocratique étouffé par les formules chocs des années Koizumi (2001-2006), le fringant premier ministre qui avait promis de transformer le Japon.

Dans le quotidien des milieux d'affaires Nihon Keizai, le politologue Takashi Mikuriya voit dans la déconfiture du gouvernement Abe le résultat de la crise structurelle ouverte par la pratique de pouvoir de Junichiro Koizumi. Fort de sa popularité, ce dernier clouait au pilori ses opposants et étouffait les opinions divergentes au sein de la majorité pour trancher sans consulter. Le télégénique Shinzo Abe (surnommé "Poster Boy"), moins doué pour le marketing politique que son prédécesseur mais incarnant une nouvelle génération, fut l'avatar malheureux de cette politique fondée sur les sondages.

M. Fukuda n'est pas une "bête de scène" et sa désignation par les "caciques" du PLD peut paraître une régression. Mais conscients qu'en dépit de l'alliance avec le parti centriste Nouveau Komei, ils ne peuvent plus passer en force avec un Sénat passé à l'opposition, les libéraux démocrates sont contraints à une forme de cohabitation qui suppose la concertation.

Le premier bras de fer entre Yasuo Fukuda et Ichiro Ozawa doit porter sur le renouvellement du mandat (qui expire le 1er novembre) de la marine nippone chargée de ravitailler dans l'Océan indien les troupes alliées engagées en Afghanistan. Le PDJ y est opposé. Mais les plus graves problèmes sont d'ordre économique et social.

M. Fukuda prend les rênes d'un pays fragilisé. L'économie est repartie à un rythme modéré (2 %), mais l'Etat n'est plus en mesure de financer une politique volontariste en raison de l'énorme déficit public (170 % du PIB). Les inégalités s'accroissent et la société, vieillissante, s'inquiète de l'avenir des systèmes de pension.

Sous la houlette de M. Koizumi, le Japon est passé à un conservatisme de type néolibéral, privilégiant les mécanismes de marché et donnant la priorité aux intérêts financiers, rompant le contrat social des années 1960-1980 fondé sur un équilibre entre expansion et politiques de redistribution (non exemptes d'abus clientélistes). Le capitalisme nippon est devenu plus réactif au prix de la cohésion de la société.

M. Fukuda s'est engagé à poursuivre les réformes mais il doit aussi rassurer une opinion inquiète tout en remédiant au déficit des finances publiques, - qui suppose un impopulaire relèvement de la TVA.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 27.09.07.

 

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