LE MONDE | 24.08.07 | 16h14 • Mis à jour le 24.08.07 | 16h14
TOKYO CORRESPONDANCE

Le premier ministre japonais Shinzo Abe, vendredi 24 août en Malaisie. Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2006, dix condamnés à mort ont été exécutés au Japon.
Ignorant les critiques, le Japon a procédé à de nouvelles exécutions capitales. Trois condamnés à mort ont été pendus jeudi 23 août à l'aube, a fait savoir le ministère de la justice qui, comme à son habitude, n'a dévoilé ni leur identité ni les crimes commis. Selon les médias locaux et Amnesty International, les condamnés seraient Hifumi Takezawa, 69 ans, Yoshio Iwamoto, 63 ans, et Kozo Segawa, 60 ans, tous trois reconnus coupables de meurtres.
Ces exécutions portent à dix le nombre de condamnés à mort ayant vu leur peine appliquée depuis que Shinzo Abe est devenu premier ministre, en septembre 2006. Quatre, dont un chrétien, ont été exécutés le jour de Noël, trois le 27 avril. Auparavant, les pendaisons avaient connu un moratoire de quinze mois, période où le ministère de la justice était dirigé par Seiken Sugiura, un avocat aux convictions bouddhistes, opposé à la peine capitale. Son successeur, Jinen Nagase, y est, lui, favorable.
Les pendaisons ont suscité des critiques du Conseil de l'Europe, qui les a jugées " inadmissibles". René Van der Linden, le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil, a rappelé que "la peine de mort n'a pas de place dans le système moderne civilisé et son application relève de la torture et des peines inhumaines ou dégradantes au sens de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme". Amnesty International a émis l'espoir que Tokyo s'engage, "dans un avenir proche, dans la voie de l'abolition de la peine capitale".
Le gouvernement nippon répond à ces critiques en affirmant que, selon les sondages, 80 % des Japonais sont favorables à la peine de mort. Désireux d'éviter tout débat public, il programme les exécutions lorsque le Parlement n'est pas en session où à quelques jours d'un remaniement ministériel. Au lendemain des pendaisons de Noël 2006, Mizuho Fukushima, avocate dirigeant le Parti social-démocrate et membre d'un groupe d'élus abolitionnistes, avait réclamé en vain un débat national. Les pendaisons de jeudi interviennent quatre jours avant un remaniement ministériel du cabinet Abe.
Actuellement, 103 détenus attendent dans les couloirs de la mort, contre une soixantaine il y a une dizaine d'années. Le plus connu est Shoko Asahara, le dirigeant de la secte Aum condamné en 2004 pour l'attentat au gaz sarin du métro de Tokyo en 1995. Tous vivent dans un isolement absolu et sous surveillance permanente.
Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 25.08.07.
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