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2008年1月15日火曜日

Le gouvernement japonais fait adopter en force la nouvelle loi antiterroriste

Le gouvernement japonais fait adopter en force la nouvelle loi antiterroriste
LE MONDE | 12.01.08 | 14h04 • Mis à jour le 12.01.08 | 14h04
TOKYO CORRESPONDANCE

Le gouvernement japonais a choisi de passer en force pour faire adopter la nouvelle loi antiterroriste. Ce texte prévoit la reprise du ravitaillement des navires de la coalition menée par les Américains dans l'océan Indien pour des opérations en Afghanistan. Son adoption en deuxième lecture par la Chambre basse, vendredi 11 janvier, est intervenue peu après son rejet par la Chambre haute, dominée par l'opposition depuis les élections de juillet 2007.


Le choix du premier ministre Yasuo Fukuda et de sa formation, le Parti libéral-démocrate (PLD), de passer outre la décision de la Chambre haute témoigne de l'importance de la question pour le chef du gouvernement. Depuis l'arrêt des ravitaillements, le 1er novembre, plusieurs pays, Etats-Unis en tête, pressaient le Japon de les reprendre.

Avant de devenir premier ministre en septembre, M. Fukuda a critiqué l'attaque américaine de l'Irak. Il tient cependant à ménager le premier allié de l'Archipel et s'est engagé, en novembre, auprès du président George Bush, à obtenir la reprise de la mission.

Le vote met également fin à plusieurs mois de querelles de politique intérieure. Dès la victoire de juillet, le Parti démocrate du Japon (PDJ) et son dirigeant, Ichiro Ozawa, se sont prononcés contre la prolongation de la loi antiterroriste, la jugeant inconstitutionnelle et prônant une intervention directe en Afghanistan sous la forme d'une aide à la reconstruction.

Le PDJ a empêché la prorogation du texte avant son échéance, le 1er novembre. Le gouvernement a dû prolonger deux fois la session parlementaire pour le faire adopter. Entre-temps, le premier ministre a proposé à M. Ozawa la création d'une coalition parlementaire réunissant majorité et opposition. Une controverse a éclaté sur les quantités exactes de carburant fournies et sur le fait que certains navires américains ravitaillés étaient engagés dans des opérations en Irak. La loi japonaise limite l'aide à ceux opérant sur le théâtre afghan.

La PDJ a tenté de jouer de ces arguments pour empêcher la prolongation. Profitant de sa dynamique de victoire et du faible taux de soutien du gouvernement, il souhaitait aussi obtenir des législatives anticipées. En vain. Ces efforts infructueux pourraient même hypothéquer son avenir. Le quotidien Asahi, pourtant proche du PDJ, estime, dans son édition du 11 janvier, que le parti traverse "une crise qui soulève des questions sérieuses sur sa capacité à gouverner".

Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 13.01.08.
 

2008年1月12日土曜日

Vieillissants et précarisés, les Japonais épargnent moins

Vieillissants et précarisés, les Japonais épargnent moins
LE MONDE | 10.01.08 | 15h29 • Mis à jour le 10.01.08 | 15h29
TOKYO CORRESPONDANCE

L'évolution démographique continue de faire baisser le taux d'épargne au Japon. A 3,2 % de leur revenu au terme de l'exercice fiscal du 1er avril 2006 au 31 mars 2007, il poursuit une baisse amorcée en 1997, année où il avait atteint les 11,4 %. En 1975, il s'établissait à 23,1 %.

Ces chiffres annoncés, mercredi 9 janvier, par le Bureau du gouvernement reflètent l'impact du vieillissement de la population, de la baisse des salaires, de la précarisation de l'emploi ainsi que du faible attrait des placements financiers (marché boursier atone, taux d'intérêt extrêmement bas).

Le Japon occupe aujourd'hui la deuxième place des pays qui épargnent le moins, derrière les Etats-Unis où le taux d'épargne est négatif, et loin des nations européennes, comme la France où il atteint 12 %.

Dans l'archipel, l'année 2007 a coïncidé avec l'arrivée à l'âge de la retraite de la génération du baby-boom née dans les années 1947-1949. La proportion des plus de 65 ans dépasse les 20 % de la population depuis 2005, le niveau le plus élevé au monde. Ayant cessé leurs activités, ces personnes ont tendance à puiser dans leurs économies pour maintenir leur niveau de vie. Dans le même temps, les revenus continuent de stagner, voire de régresser. En novembre 2007, le salaire mensuel moyen des employés réguliers des entreprises de plus de cinq personnes a reculé, pour le troisième mois consécutif, de 0,2 % à 289 466 yens (1 802 euros).

A cela s'ajoute la multiplication des emplois précaires, en hausse en novembre, et sur un an, de 3,2 % à 11 563 000 personnes (26 % de la population active). Ces salariés touchent généralement des revenus ne leur permettant pas de se constituer une épargne.

UN RISQUE À LONG TERME

Lors d'une intervention à la Maison franco-japonaise en décembre 2006, le professeur Charles Yuji Horioka, de l'université d'Osaka, faisait remarquer qu'une épargne élevée au Japon n'avait rien d'une constante dans l'histoire. Avant la guerre, elle était très faible, voire négative.

Sa progression jusque dans les années 1980 découlait de la jeunesse de la population et de la croissance rapide des revenus, conjugués à un très faible niveau des systèmes de Sécurité sociale et d'accès au crédit. Dans le même temps, le gouvernement avait mené, jusqu'en 1988 une politique d'incitation à l'épargne, avec notamment une défiscalisation des intérêts sur les dépôts bancaires et postaux. Cette politique, interrompue sous la pression des Etats-Unis qui souhaitaient voir la consommation progresser dans l'archipel, avait conduit les Japonais à devenir les plus gros épargnants de la planète.

La baisse régulière du taux d'épargne des ménages ne suscite pas de grandes inquiétudes pour l'économie japonaise à court terme. L'argent qui n'est pas mis de côté soutient la consommation. Dans le même temps, l'Etat et les entreprises continuent à épargner.

Aujourd'hui à 1 540 000 milliards de yens (9 338 milliards d'euros), le total de l'épargne reste à un niveau très élevé. Mais comme le fait remarquer un expert, "à moyen et long terme, la poursuite de la baisse pourrait se révéler problématique. Un phénomène d'"américanisation" de l'épargne japonaise aurait des conséquences graves". Avec une dette à 150 % du produit intérieur brut et une épargne en berne, la croissance du Japon ne dépendrait plus que des performances de ses entreprises.

Philippe Mesmer
Article paru dans l'édition du 11.01.08.